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Les Merveilles

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Les Merveilles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Petites ou grandes, les jolies choses sont souvent faites de simplicité. C’est à n’en pas douter dans ce dernier long métrage d’Alice Rohrwacher, bijou poétique façonné de petites merveilles d’images, de jeux de lumières, d’animaux et de secrets d’enfance, où la douce candeur des dialogues et l’ingénuité esthétique se révèlent des armes redoutables.

Dans une minuscule ville de campagne italienne filmée comme un endroit pur, un père de famille autoritaire débordant d’idéaux tache de préserver ses filles de la corruption. Cette petite communauté autonome et instinctivement soudée cultive des légumes, récolte du miel constamment, en marge de la société et du temps. Sans être ni fermiers, ni hippies, ils prônent un rapport privilégié à la nature. Ainsi la famille constitue-t-elle leur seul refuge, leur arche de Noé, mais également l’ultime drame de leur emprisonnement.

Un jeune délinquant en réinsertion et une émission de télé-réalité viennent cependant troubler le fragile équilibre de la famille : ils incarnent la promesse et l’éventualité d’un « ailleurs », notamment pour l’aînée des quatre sœurs, Gelsomina (Maria Alexandra Lungu), laquelle aspire à une vie différente malgré les espoirs que son père fonde en elle. C’est avec une grande ingénuité que la réalisatrice pose sa critique de la télé-réalité et de ses artifices : elle suit avant tout le regard de ses personnages, et le désenchantement que l’on perçoit semble biaisé par les yeux des enfants.

Le transport des ‘Merveilles’ opère sans peine et l’on s’attache sur-le-champ à ses personnages aussi humains que chancelants. Au retour du pays des merveilles d’Alice Rohrwarcher, de ses désillusions et ses naufrages, ce que l’on retient du voyage est avant tout sa poésie, dans son intense délicatesse et sa vulnérabilité.  

Écrit par Céleste Lafarge
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