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L’humour a souvent du mal à passer les frontières. Pourtant, dès les premières minutes de cette cruelle satire des instincts humains, le cinéaste argentin Damián Szifron, 39 ans, réussit à inscrire son long métrage dans une dimension humoristique assez universelle. En optant pour une série de sketches (parfois inégaux) qui rappellent l’heure de gloire du genre dans l’Italie des années 1960, ‘Les Nouveaux Sauvages’ joue d’un humour ultra-noir, combinant avec aisance un net goût pour l’excès et une logique dramatique aussi perverse qu’imparable. Aussi rancunes, insultes ou flirts mineurs conduisent-ils au chaos ou au meurtre à un niveau cataclysmique.
La plus drôle de ces six histoires, produites par Pedro Almodóvar, constitue ainsi un sommet de brutalité routière, quand la plus politiquement incorrecte se révèle être une étude de la dissimulation et de la corruption devant une morale en faillite, pouvant rappeler ‘Les Trois Singes’ de Nuri Bilge Ceylan ou ‘La Femme sans tête’ de Lucrecia Martel. Servi par un casting irréprochable, le film de Damián Szifron enchaîne de la sorte trois épisodes drôlissimes et trois autres, davantage axés sur l’état psychologique et émotionnel de l’Argentine contemporaine – et, probablement, de la majeure partie du monde occidental. Une comédie originale, parfois cruelle et souvent jouissive.