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L’Ombre des femmes

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Enigmatique et poétique (comme souvent chez Philippe Garrel), le titre de ce long métrage, L’Ombre des femmes, prend tout son sens au fur et à mesure que le film se dévoile : celui d’un féminisme ouvert, tendre et généreux dans les relations amoureuses, où les femmes, malgré la place qui leur paraît encore trop souvent assignée au sein du couple (dans l'ombre, donc), constituent bien l’avenir de l’homme.

Pierre (Stanislas Merhar) est un héros typiquement « garrelien » : artiste sans le sou (en l’occurrence réalisateur de documentaires), plutôt dépressif, romantique et peu bavard. A ses côtés, sa femme, Manon (Clotilde Courau), l’aide à réaliser ses films, l’entourant d’amour et de tendresse. Par ailleurs, Pierre trouve bientôt une maîtresse en la personne d'Elisabeth (Lena Paugam), qui va bientôt découvrir que Manon – la femme de Pierre, donc, vous suivez toujours ? – a elle aussi un amant…

Triangulation amoureuse, impossible repos du désir : L’Ombre des femmes scrute les sentiments avec une délicatesse et une subtilité admirables. Et la masculinité n’en sort clairement pas grandie : à la fois volage et jaloux, polyamoureux et possessif, Pierre incarne l’homme dans toute sa perte de repères ; se justifiant de coucher avec plusieurs femmes comme une simple nécessité de la sexualité masculine. Et incapable, donc, d'envisager la réciproque.

Tandis que les deux femmes à ses côtés, l’officielle et l’officieuse, savent l’une comme l’autre l’aimer avec intelligence. Si Manon, sa femme, a ainsi un amant, c’est manifestement comme une tout autre histoire, quelque chose sans rapport avec le couple qu’elle et Pierre forment. Quant à Elisabeth, elle ne cherche jamais à séparer Pierre de son épouse, comprenant bien au contraire leur équilibre malgré leurs infidélités respectives.

Evidemment, on sait tous comment finissent les histoires d’amour en général. Mais ici, comme dans le précédent film de Philippe Garrel, La Jalousie, le ton semble apaisé, et presque drôle, même, lorsque Pierre et Manon rient de leurs propres difficultés à s’aimer. Le charme et la voix amusée de Louis Garrel, invisible narrateur du film, y apportent en outre un surcroît de légèreté et une douceur qui achèvent de rendre L’Ombre des femmes aussi poignant qu’il paraît juste et sincère. Vraiment un très beau film d’amour.

Écrit par
Alexandre Prouvèze

Détails de la sortie

  • Durée:73 mins
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