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Mademoiselle

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Film Mademoiselle Park Chan-wook
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Un mystérieux polar aux volutes érotico-horrifiques, signé par le réalisateur de 'Old Boy'

Retour au bercail pour le réalisateur de ‘Old Boy’ après l’intermède américain de ‘Stoker’ sur un scénario de Wentworth Miller, l’acteur de ‘Prison Break’. Pourtant, Park Chan-wook ramène dans ses bagages l’art du twist et du thriller qu’il a façonné à Hollywood et le met au service d’une histoire qui correspond davantage à son humeur. Dans les années 1930 en Corée, pendant l’occupation japonaise, une domestique est recrutée pour chaperonner Mademoiselle, la nièce d’un Coréen qui a fait fortune en faisant affaire avec les Japonais. Passionné par les livres, ce dernier les collectionne dans son immense manoir et oblige Mademoiselle à lui faire la lecture régulièrement.

Rapidement, le masque tombe : cette domestique est stratégiquement installée ici par l’entremise d’un escroc coréen qui se fait passer pour un baron japonais afin de séduire Mademoiselle. Le but : l’épouser, empocher son héritage et la cloîtrer dans un asile d’aliénés. Ca, c’est le plan. On s’en doute, les rebondissements ne manquent pas dans ce polar un peu étrange, aux volutes érotico-horrifiques comme seuls les Coréens savent les produire. Un oncle sadique, une femme séquestrée qui s’adonne aux plaisirs saphiques avec sa bonne et un arnaqueur qui bande davantage pour l’argent, tel est le quadrilatère amoureux dessiné par Park Chan-wook avec un art de la narration plus épuré qu’auparavant.

Trop épuré ? C’est possible, tant la mise en scène, parfaite et virtuose, tend au formalisme esthétique dans un cadre qu’on pourrait presque qualifier de « qualité coréenne ». Le cinéaste coréen est en effet arrivé à un tel degré de maîtrise de son art qu’il a sans doute perdu un peu de sa superbe et de sa folie, bien représentées par ‘Old Boy’ notamment. Certes, les différents chapitres de ce ‘Mademoiselle’ finissent petit à petit, traînant parfois un peu en longueur, par construire une intrigue grisante de perversion, mais dont les contours nous semblent paradoxalement un peu sages.

Ne boudons pas notre plaisir, il faut rendre hommage à la performance de la comédienne Kim Min-hee, qui incarne admirablement l’ambiguïté propre aux emportements de l’érotisme et joue avec le spectateur comme d’autres avec des boules de geisha. A cet égard, le titre français de ‘Mademoiselle’ est bien choisi, basculant le point focal du film de la domestique (« Handmaiden », le titre anglais) vers sa maîtresse, véritable héroïne d’une histoire d’abord féministe.

Écrit par
Emmanuel Chirache
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