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Paradis : amour

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Paradis: amour
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Première séquence de ce film où l’humour noir a la part belle : une douzaine de trisomiques, filmés de face en plans serrés, poussent des cris sur des auto-tamponneuses, devant le regard vague d’une épaisse autrichienne. Ambiance. Bientôt, la bonne femme en question, fade blonde d’une cinquantaine d’années (l’audacieuse Margarethe Tiesel), laisse derrière elle sa fille obèse pour partir faire du tourisme sexuel au Kenya. D’abord réticente à payer les gigolos locaux, elle y prendra quand même assez vite goût, accompagnée de trois compatriotes en chaleur pas piquées des hannetons non plus pour un paquet de scènes joliment sordides. Bref, on navigue un peu entre le troisième âge crado de Groland, la violence à froid d’Haneke et la plage des Bronzés – où "Hakuna matata" (« pas de problème » en swahili) aurait remplacé le "Darla Dirladada" de Luis Rego. C’est parfois baroque, plein de phallus afro-mollasses, et d’une cruauté aigüe sur le néo-colonialisme occidental. Pourtant, plus le propos paraît dégueu (physiquement et moralement – à grands renforts de blagues racistes bien gênantes), plus le réalisateur Ulrich Seidl magnifie ses plans sur les chairs flasques, avec une distance ironique qui contribue à faire de son film une puissante critique des rapports Nord-Sud et de l’exploitation touristique. Voire du commerce en général. Premier volet d’une prometteuse trilogie, ce ‘Paradis : amour’ est vilain et beau, glaçant et drôle, glauque et maîtrisé. On en redemanderait (presque).

Écrit par AP
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