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Que penser d’un film qui vous laisse troublé, abasourdi par sa puissance visuelle et l’originalité de son parti pris ? Sortir d’une salle de ciné, ne pas savoir si on a aimé ou non ce qu’on vient de voir, et retourner dans sa tête ces images les jours qui suivent, n’est-ce pas un gage de qualité ? Le dernier long métrage de Nicolas Winding Refn est de ces expériences radicales et clivantes, différentes, qui donnent un bon coup de pied dans la fourmilière du 7e art.
‘The Neon Demon’ remet en effet largement en question la manière de regarder un film. Loin d’être élitiste, pas populaire pour autant, il se présente comme un objet essentiellement visuel (bien que parlant), qui raconte par l’image. Ainsi le parcours initiatique de la jeune mannequin Jesse (Elle Fanning), débarquée à Los Angeles pour faire carrière, se superpose à l’initiation du spectateur à une forme inédite de cinéma, où fond et forme deviennent indissociables. Alors on laisse l’intellect de côté pour mieux permettre à son corps tout entier de regarder, s’imprégner des ambiances, plans, textures et symboles. Un parti pris ultra contemporain qui peut rappeler des ovnis comme ‘Spring Breakers’ (en moins MTV), ‘Under the Skin’ (en plus pop), ou plus simplement un autre film de Refn : ‘Valhalla Rising : le Guerrier silencieux’.
En résumé, cela donne un film très plastique sur des plastic peoples, où NWR évoque la laideur de ce métier de la beauté, qui se voit troublée par l’apparition d’une figure pure, virginale, bientôt jalousée par ses pairs. Certes, le réalisateur du déjà très formaliste et décrié ‘Only God Forgives’ ne nous apprend rien sur le sujet – ce n’est d’ailleurs pas le propos ici. ‘The Neon Demon’ peut davantage se regarder comme une toile abstraite dans laquelle on décide de se laisser happer ou non. Pour, pourquoi pas, jouir de sa propre indécision. Et, très vite, avoir envie de le revisionner.