Moins d’un quart des couvertures de grands magazines internationaux sont signées par des femmes, rappelait récemment le Solar Collective sur Instagram. “C’est quand même fou !”, hallucine Kamila K Stanley, l’une des cofondatrices du collectif. “Les femmes restent largement minoritaires dans notre domaine, surtout dans la photographie documentaire. D’où l’envie de changer les choses et de gagner en visibilité. Et pour ça, on s’est dit qu’il fallait s’unir.”
Autour d’elle : Julia Gat, Giulia Frigieri, Orianne Ciantar Olive, Tina Masoumi, Fanny Magot et Carla Alberny. Sept femmes – six photographes et une curatrice – qui mettent en commun leurs regards et leurs pratiques pour construire une narration engagée, tout en rendant leur travail plus visible. Et la stratégie porte déjà ses fruits. “Depuis qu’on a annoncé la création du collectif en janvier dernier, on a reçu énormément de commandes et de propositions, poursuit Kamila. Le fait de rassembler nos contacts et nos forces nous a permis d’avoir un plus gros impact.”

Sept à la maison
Leur QG ? Un appartement lumineux du côté du boulevard Chave, où vivent Kamila, Carla Alberny, productrice et curatrice, et Julia Gat, photographe et réalisatrice. C’est dans ce lieu de vie partagé qu’est née l’idée d’un collectif pensé pour faire émerger les talents marseillais, une ville qui les inspire autant qu’elle les ancre. “Avec Marseille, c’est une histoire d’amour, confie Julia. Très différente pour chacune de nous, mais tout aussi intense. Moi, j’ai grandi tout près d’ici, au bord de l’étang de Berre. Puis je suis partie étudier aux Pays-Bas et à New York. Et c’est là que j’ai compris que je ne pouvais pas faire de photographie loin de la lumière de la Provence. On a toutes des vies où ça bouge beaucoup, on a vécu dans plein d’endroits… Marseille, c’est devenu cette base stable mais toujours ouverte sur le monde.”

Cette ouverture d’esprit tient aussi aux origines multiples des membres du collectif. L’Iran, l’Angleterre, Israël, l’Italie… autant de trajectoires réunies autour d’une même table, dans un brassage culturel où prime une forme de sororité faite d’écoute attentive et de respect mutuel. “Quasiment chacune de nous a une histoire personnelle marquée par un conflit géopolitique ou une migration compliquée, explique Kamila. On est arrivées ici pour des raisons parfois douloureuses. Et pourtant, on est toutes tombées amoureuses de cette ville. Alors oui, Marseille, c’est une ville complexe, avec plein de nuances, de couches et de contradictions – mais c’est justement pour ça qu’on l’aime.”
Faire de Marseille une ville de photo
Déjà très sollicité pour des collaborations, le Solar Collective préfère, pour l’instant, rester fidèle à sa configuration originelle. Sept, un chiffre symbole d’équilibre, qu’elles considèrent comme une force. “On a eu cette discussion entre nous, et on s’est dit qu’on n’avait pas vraiment les ressources pour accueillir d’autres photographes dans le collectif. Déjà, à sept, c’est beaucoup lorsqu’il s’agit de toutes nous réunir au même endroit”, explique Kamila.

Après une première exposition au Mesure Créatif Club fin juin, le collectif s’invite à Arles : leurs travaux seront projetés à la galerie Triangle le 9 juillet, en pleine semaine professionnelle des Rencontres de la photographie. En coulisses, Solar planche déjà sur un futur festival et sur une série de rendez-vous ouverts au public. L’aventure ne fait que commencer – et le collectif rayonne déjà bien au-delà de Marseille.