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Aéroports/Ville-Monde

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Voyage au carrefour des créativités, embarquement sur les ailes de l’innovant.

D’ordinaire, on ne vient pas à l’aéroport par hasard. Il faut la promesse de vacances exotiques, d’expéditions lointaines ou de périples d’affaires pour se rendre jusqu’à ces espaces périurbains, véritables villes en bordure du monde métropolitain. De même, on ne se rendra pas par accident à la dernière exposition de la Gaîté Lyrique – marquant l’envol artistique de sa nouvelle équipe. Non, on s’y rendra porté par la curiosité, poussé par un intrigant sujet et un thème aussi universellement connus que rarement explorés : le trafic aérien, qui en dit beaucoup sur l'être humain.

Immersion dans les airs, les deux pieds sur Terre (ou presque)

Après avoir franchi la porte d’embarquement (où l'on nous distribue une pochette à remplir des billets d'avion/cartels disséminés sur le parcours) et passé le labyrinthe de cordons de sécurité de Matthias Gommel, cheminement rébarbatif balisé par les paroles de ‘A Life on the Ocean Wave’ (étrange pour une expo sur les aéroports…) et serpentant comme une ritournelle entêtante, on suit le même protocole que dans la vraie vie. Une réalité teintée, toutefois, d’une pointe de bizarrerie. Du tableau d’affichage indiquant des destinations imaginaires de Jasmina Cibic au portique de Marnix Nijs, vous scannant puis vous attribuant une personnalité de psychopathe ou d’actrice à scandale (après tout, dans les aéroports, n’importe qui est un suspect potentiel), le décalage est immédiat.

De ces œuvres un peu perchées s’échappe néanmoins une résonnance pertinente, écho à notre société ou à l’actualité. Quand le film d’Adrian Paci aborde la problématique de l’immigration et par extension du Muslim Ban, les captures d’écran d’aéroports vus par Google Earth de David Thomas Smith sont de gigantesques kaléidoscopes soulignant la dénaturation croissante de la planète à cause de la conquête céleste. Ou quand le couloir aérien de Cécile Babiole – croisée sur ‘Iconomania’ – confronte en temps réel le visiteur aux nuisances sonores, douloureuses, des avions qui nous survolent et couvrent le chant des oiseaux en nous plongeant dans une angoisse pareille à celle qui précède le décollage, c’est le bruit assourdissant de notre siècle qui se fait entendre. Et quand le ‘SexCloud’ de Fanchon Bonnefois et Camille Demouge transforme le duty-free d’un terminal en palais des plaisirs visant à atteindre le septième ciel, au travers de dessins d’architecture estompés, embués, et de maquettes en néon, on s’aperçoit que le sexe est un bien commerçable comme les autres.                         

Entre nouvelles technologies, interactivités (malheureusement trop peu nombreuses) et poésie faussement légère – incarnée par les signalétiques lumineuses à message freudien de An Te Liu et le drapeau « All right, good night » reprenant les derniers mots du commandant de bord du vol MH370, disparu semble-t-il à jamais, comme un souvenir bouleversant flottant au vent sur le toit de la Gaité –, un souffle de sagace inventivité plane sur l’exposition ‘Aéroports’. Avec l’opportunité unique d’en importer un bout chez soi puisque l’œuvre de Yorgo Tloupas, une data-carte des aéroports dans le monde, se vole en toute légalité.

Écrit par
Clotilde Gaillard

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Adresse
Prix
De 5,50 à 7,50 €
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