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Ahlam Shibli

  • Art, Photographie
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Qu'est-ce qui définit le « foyer » ? Comment le contexte social, politique ou colonial déracine-t-il la notion de « chez soi » pour en faire un lieu incertain et abstrait ? Sous quel couvert la propagande et le fanatisme s'infiltrent-ils, au contraire, dans les demeures et la vie quotidienne des gens au nom de l'idéologie ? Autant de questions qui traversent l'œuvre documentaire de la photographe palestinienne Ahlam Shibli, dont plusieurs séries s'exposent au Jeu de Paume. De la France à Israël en passant par la Pologne et la Palestine, ici, les frontières s'effacent dans un savant mélange de couleurs et de noir et blanc qui laisse planer, toujours, le sentiment du passage du temps. Au fil de ces images qui se lisent comme des romans-photos ou des récits biographiques (la plupart sont d'ailleurs accompagnées de textes écrits par l'artiste), les existences semblent ainsi se sculpter dans la trame du passé, tandis que l'instant présent apparaît, presque toujours, comme la conséquence d'un déchirement ou d'un accident.

C'est cette détermination à montrer l'inévitable conditionnement des personnes qu'elle croise qui, dans le travail d'Ahlam Shibli, vient tisser des liens entre des univers apparemment inconciliables. Entre des familles qui font trôner d'improbables posters de martyrs dans leur salon et des homosexuels musulmans contraints de quitter famille et patrie pour échapper à l'intolérance. Entre des Palestiniens qui servent comme volontaires dans l'armée israélienne, des orphelins polonais saisis dans l'intimité de leurs « foyers » reconstitués et des anciens combattants corréziens qui, après avoir résisté à l'occupation allemande, ont participé aux guerres d'Indochine et d'Algérie. Parmi ces soldats, ces familles et ces émigrants qui font leur nid ici ou en font sauter d'autres ailleurs, émerge une foule de contradictions. Foyers fantômes, foyers fictifs ou foyers idéologiques, peu importe. Les home sweet home de Shibli se dressent rarement entre quatre murs – ils se construisent la plupart du temps avec un peu de poudre à canon ou de drames historiques, se cimentent à coups d'imaginaire collectif ou de besoin affectif. Ensemble, les voix dissonantes de leurs habitants témoignent d'un regard pluriel et perspicace. Celui qu'Ahlam Shibli porte sur un monde qui peut toujours en cacher un autre.

> Horaires : le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 19h

Infos

Site Web de l'événement
www.ahlamshibli.com
Adresse
Prix
De 5,50 à 8,50 €
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