Trente ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour voir Christian Dior exposé de nouveau dans les musées parisiens. Pour soigner ce retour, la Maison Dior présente au musée des Arts décoratifs 300 robes de haute couture de cet alchimiste de la mode et maître incontesté de la forme, bien accompagné par ses prestigieux successeurs (Galliano, Saint Laurent, Ferré, Bohan…). L’occasion idéale de (re)découvrir leurs créations. Mais pas que.
Construite de manière chrono-thématique, l’expo retrace tout le parcours de l’inventeur du « new look » autour de moments clés : la première partie, irriguée d’un riche et puissant corpus (photographies, vidéos, dessins…), traverse toutes les étapes de sa vie, de souvenirs de son enfance à Granville jusqu’à sa couverture en Une du magazine Times - une première pour un créateur. Quand la deuxième partie, parsemée d’œuvres très éclectiques (cubisme, surréalisme, néo-humanisme…), se concentre sur son activité de galeriste entre 1928 et 1934, époque où il expose des artistes connus (Picasso, Miro, Braque…) et des futurs grands (Dali), ce qui participera grandement à la formation de son goût.
Surtout, ce rapport entre Christian Dior et l’art devient le fil conducteur de l’expo. Car là se trouve toute l’ingéniosité du commissaire : ne pas dissocier son travail de couturier (robes et accessoires) de l’art et de la peinture d’époque. On découvre alors tout le mélange de style de Dior, notamment sa passion pour la cour du XVIIIe siècle et sa vision de l’élégance du Second Empire, réintroduisant au passage la féminité triomphante très présente dans l’histoire de l’art. A travers un parcours qui chavire crescendo dans le show démesuré, on comprend alors qu'il est bien plus qu’un « couturier du rêve » : l'un des créateurs les plus inventifs de tous les temps.
