Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Common People

  • Art, Dessin
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

3 sur 5 étoiles

« Bois de Vincennes : les deux troncs seraient en fait un seul et même tronc. » Pêché dans les eaux troubles de la presse régionale, voilà le genre de faits divers complètement surréalistes dont Anouk Ricard s’inspire pour ses croustillantes divagations sur le sujet (entre autres occupations graphiques). Dans le monde de l’artiste française, les lois de la nature, de la raison, de l’info, du western, de l’école ou de la chaîne alimentaire sont sabotées sans pitié, à coups de gags délicieusement crétins, par une armée de personnages animaliers tout mignons. Ici, un oiseau et un chien flics tentent de résoudre le meurtre d’un tronc d’arbre pendant qu’un labrador tire à la carabine – royalement ignoré par un type à poil qui rentre du supermarché en monture, fier chasseur du dimanche muni d'un sac plastique plein à craquer. Une belle sélection de dessins de l’auteur de ‘Planplan culcul’ qui donne le ton : dans cette exposition de la galerie Arts Factory, il est peut-être question de personnes et d'existences ordinaires (« common people »). Sauf qu’ici, on prend la vie lambda par les cornes et on lui met des petits coups de crayons dans le… nez, là où ça chatouille. Ils ont beau avoir leurs différences, les six jeunes artistes-graphistes réunis dans ‘Common People’ partagent une même vision du monde : pour Anouk Ricard comme pour Isabelle Boinot, Joan Cornellà, Angela Dalinger, Aisha Franz et Ll Cool Jo, du banal à l’absurde (en passant parfois par le caca), il n’y a qu’un pas.

Prenez ces collages mi-poétiques mi-perchés d’Isabelle Boinot, où la cueillette de champignons, l’arrosage du jardin et le canapé du salon flottent pêle-mêle, acteurs léthargiques et incertains d’un monde éthéré et incertain. Ou ces dessins d’Aisha Franz, gribouillés au crayon à papier pour souligner le versant vicié de la vie familiale - à la fois cinglants et délurés. Sans oublier le Catalan Joan Cornellà et ses frères siamois lobotomisés par Coca-Cola, ou l’Allemande Angela Dalinger et ses peintures empreintes de fausse naïveté (on pense à ‘Beavis & Butt-Head’), où la vie rurale, la débauche et les vilains petits défauts de l’homme baignent, bedonnants et flagadas, dans de copieuses doses d’ironie. Et puis, il y a ces photos de famille anonymes récupérées par Ll Cool Jo, sur lesquelles l’artiste prend un malin plaisir à inscrire EN GROSSES MAJUSCULES des petits commentaires moqueurs, bêtes et méchants. Dans son ‘Hot Club Violence’, les repas avec mamie, les mariages, la tarte aux fruits de la voisine et les gosses du frangin s’en prennent plein la gueule à coups de sous-titres cassants (mais pas exempts de tendresse) - variation aberrante sur la vie ordinaire à prendre au mille-centième degré, un peu sur le modèle d’un Pierre La Police. « Comme c’est chou la petite est habillée comme sa salope de mère ». « Je me demande bien comment il s’est trouvé une gonzesse comme ça avec sa tronche de débile ». De quoi mettre un peu d’acide dans le soda de votre rentrée.

> Horaires : du lundi au samedi de 12h30 à 19h30.

> Vernissage : le 30 août de 17h à 21h.

Infos

Adresse
Prix
Entrée libre
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi