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L'Asile des photographies : Mathieu Pernot et Philippe Artières

  • Art, Photographie
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Certaines photos, comme certaines personnes, finissent à l’asile. C’est comme ça. Et après avoir fidèlement accompagné et documenté le quotidien des patients d’hôpitaux psychiatriques, rares sont celles qui trouvent la sortie : dans la plupart des cas, direction les archives, où elles croupissent pendant des lustres dans des fonds de tiroirs, parmi des tas de documents périmés. Mais ça, c’était avant que Mathieu Pernot et Philippe Artières se penchent sur le sujet. Lorsque l’artiste et l’historien ont été invités à fouiller les archives de l’hôpital Bon-Sauveur de Picauville, dans la Manche, ils sont tombés sur une mine d’or qui brille par sa banalité. Un corpus improbable datant des années 1930 à nos jours, marqué, confient-ils, par « l’éclat du réel ».

Photos, vidéos, témoignages, coupures de journaux… Entre promenades avec les bonnes sœurs, kermesses et repas à la cantine, c’est tout un microcosme qui sort de sa camisole de force à la Maison Rouge – à mille lieues des représentations dramatisées de la folie, dominantes depuis le XIXe siècle ; plus proche des reportages bruts de Raymond Depardon ou Diane Arbus, mais sans la dimension artistique.

Plus qu’une histoire du milieu psychiatrique, cet « asile des photos » raconte la relation intime qui s’est installée, au fil des années, entre ce lieu marginal et l’image : du bombardement de la Seconde Guerre mondiale aux développements techniques de l’hôpital vantés par des cartes postales, des scènes du quotidien (du moins, celles que ces photographes amateurs ont bien voulu immortaliser) aux sorties à la mer avec les patients. A ces documents viennent s'ajouter des prises de vue des lieux, vides et dégarnis, réalisées par Mathieu Pernot en 2010.

Présentées à l’état brut sans réel travail d’analyse – quelques clichés accrochés aux murs, des courriers de proches des patients disposés sur des tables, des diapositives et des vidéos qui défilent sans légendes… – les trouvailles de Pernot et Artières s’affichent sans vraiment creuser la question. On aurait voulu en savoir plus sur ces existences recluses, sur les personnes cachées derrière l’objectif, sur la vie à l’asile et le rapport entre internés et corps médical. Entrevoir, peut-être, l’envers du décor, et ces manifestations de la folie qui ont su esquiver l’éternelle captivité de la pellicule photographique. A nous, du coup, de fureter dans tout ça et d’en tirer nos propres conclusions : un peu comme si l’on se retrouvait, à notre tour, dans la salle des archives de Bon-Sauveur. Face à l’étincelante normalité de ces photos anonymes.

> Horaires : du mercredi au dimanche de 11h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h (fermé le 1er mai).

Pour aller plus loin :
  • Un bouquin :
L’année dernière, Mathieu Pernot et Philippe Artières ont réuni leur travail sur l’hôpital de Picauville dans un ouvrage (Prix Nadar 2013) paru aux éditions Point du Jour, en vente à la librairie de la Maison Rouge.

   • Une expo :
Jusqu'au 18 mai, le Jeu de Paume consacre lui aussi une exposition à Mathieu Pernot. Là aussi, le photographe explore des univers marginaux : entre Roms, banlieues et prisons. > Lire notre critique

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Adresse
Prix
De 5,50 à 8 €
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