Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Mexique

  • Art, Peinture
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

A travers peintures, sculptures, photographies et vidéos, 'Mexique' propose un voyage riche et intense au cœur d’une période charnière de l’histoire du pays.

Vous connaissez les œuvres emblématiques de Frida Kahlo. Vous avez entendu parler de celui qui fut un temps son mari – le peintre de génie aux airs de Coluche qu’était Diego Rivera. Mais passés ces deux noms, en matière d’art moderne mexicain, vous séchez.

Heureusement, cette saison, le Grand Palais a entrepris de combler nos lacunes impardonnables sur la question – et on en prend plein la vue. Voyage initiatique dans l’espace et dans le temps, l’exposition ‘Mexique’ prend la forme d’un panorama gigantesque et florissant de la vie artistique mexicaine depuis l’avant-révolution jusqu’aux années 1940.  

Péripéties sanglantes

C’est l’histoire d’artistes mexicains dont la volonté de fonder un art « national » se traduit paradoxalement dans un système de représentation nourri par les avant-gardes européennes, depuis le symbolisme jusqu’au surréalisme. Un art dont la distance et le recul permettent la production d’œuvres sans pareille. Cela dit, le nœud du récit, c’est cette révolution qui fait couler le sang et répand un silence de mort sur les terres mexicaines, comme on peut le voir dans le ‘Paysage de Zacatecos avec pendus II’ de Francisco Goitia. A tel point que les bouleversements politiques et sociaux qui se multiplient entre 1910 et 1920 imprègnent l’esthétique des artistes. Et si cette période ne fait émerger que trois noms de la peinture (mais pas des moindres) – soit Rivera, Orozco et Siqueiros –, ceux-ci sont bien disposés à peindre les murs des villes pour exprimer leurs idées aux yeux de tous.

« La gente » célébrée

En effet, les peintures, sculptures, et photographies issues de cet âge d’or artistique s’adressent au peuple dans la mesure même où il semble être le sujet de prédilection des artistes. Les autoportraits, comme celui, sévère et coloré, de Maria Izquierdo, posent une première pierre à l’édifice de la célébration d’une population en révolte contre la dictature, travailleuse et pleine d’espérance. Constructeurs, artisans, soldats, marchands, mais aussi familles, danseurs, musiciens et promeneurs se manifestent d’œuvre en œuvre. A l’instar d’un Lorca « Assassiné par le ciel » de New York, « la gente » qui peuple les tableaux de la salle « Rencontre de deux mondes » subit également les conséquences d’une autre révolution, industrielle et urbaine celle-ci. Mais qui, bien que suffocante, n’étouffe pas le geste créateur.

Le féminin, personnage-clé

Et dans ce monde propulsé vers sa propre hybridation, entre Amérique et Indes, entre tradition et révolution, entre soleil et noirceur, la « femme forte » devient un point de repère symbolique. Qu’elle soit identifiée, comme ‘La Poétesse’ ou ‘La Footballeuse’ d’Angel Zarraga, ou en communauté, comme les malinches de Jean Charlot ; qu’elle soit photographe comme Lola Alvarez Bravo ou Tina Modotti, la femme mexicaine est muse et créatrice parce qu’elle est solidité et agilité.

Que tu me reviennes, toi sur l’autre rive

Jusqu’à l’os en forme de pistolet (‘Le Génie de l’espèce’, Wolfgang Paalen) qui dénoue notre épopée mexicaine, la mort plane. Mais dans notre esprit, les couleurs persistent. « Au cou, le souvenir étrangle… » Ce souvenir qui n’est pas le nôtre, Montenegro, Tamayo, Merida – ou encore El Corcito, avec son fascinant ‘Eté’ de 1937, apparemment si loin et où, pourtant, tous les objets familiers nous font signe – le partagent avec nous. A la mémoire d’un temps de sacrifices, des œuvres sacrées, ils nous donnent le sentiment de connaître un peu mieux les senteurs des arums et le son des mandolines.

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Écrit par
Lola Levent

Infos

Site Web de l'événement
www.rmngp.fr
Adresse
Prix
13 €
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi