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Miriam Cahn : Corporel / Körperlich

  • Art, Dessin
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Du haut de notre XXIe siècle déjà bien entamé, on a parfois l'impression que les questionnements artistiques liés au féminisme, au rôle du corps, à la violence, au sexe, s'ils étaient provocants dans les années 1970-80, peineraient à choquer aujourd'hui. Miriam Cahn nous remet vite à notre place. Pourfendant la normalisation ambiante, son œuvre n'a rien perdu de son impact et de sa virulence.

Dessins, carnets, photographies (de ses graffitis sur les bâtiments publics notamment), peintures : ces trente-cinq dernières années, l’artiste suisse a utilisé de nombreux supports pour exprimer son féminisme, son antimilitarisme, sa colère. D'abord attachée à ce noir expressionniste, viscéral, hargneux, elle se met à utiliser la couleur au milieu des années 1990. Mais dans les deux cas, surgit rapidement un conflit interne. Son trait semble schizophrène, tantôt géométrique et méthodique, tantôt incontrôlable et dévorant. Ses couleurs dégagent parfois une tendre sérénité, bercée par les tons fluides, doux, pastels, là où d'autres fois, le rose vire au rouge sang, et les contrastes instaurent un malaise palpable.

Au Centre culturel suisse, c’est peut-être cette série de figures allongées, entre l'agonie et le sommeil, l’apaisement et la menace, qui cristallise au mieux cette ambivalence constante, nous obligeant à rester sur nos gardes de peur de nous faire prendre à la gorge quand on s'y attendrait le moins. Dans la dernière salle du parcours, mausolée chargé d'immenses toiles aux carnations presque phosphorescentes, les personnages finissent même par ressembler à des spectres à la chair palpitant de vie. Des corps purs et lumineux, mais inachevés, terminés par des moignons. Des figures naïves au visage pas plus esquissé qu'un smiley, mais hurlant une douleur muette.

En osmose avec son sujet, la scénographie se fait l’écho de l’expression versatile de Miriam Cahn. Lorsque l’artiste dessine à la craie noire sur le sol, ses dessins sont étalés par terre, nous obligeant à baisser la tête pour toiser son univers sombre, marqué par la violence et l'enfermement. Mais plus loin, c'est avec du recul et en levant les yeux que l'on prendra la pleine mesure de ses grandes toiles colorées, évoquant le temps qui passe et la famille. Un va-et-vient de la terre au ciel, de l'ombre à la lumière, de la frustration à l'espoir, comme un résumé de la tension qui habite l'œuvre de Miriam Cahn.

> Horaires : du mardi au dimanche de 13h à 19h.

> Voir aussi :

Les sculptures récentes de Miriam Cahn à la galerie Jocelyn Wolff, jusqu'au 20 décembre

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Entrée libre
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