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Philippe Ramette

  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Désormais, plus besoin de s'acharner pendant des heures avec ses camarades dissidents pour faire tomber son tyran : avec ses petites entailles au niveau des genoux, la statue de dictateur pré-déboulonnable est une idée de génie qui pourrait bien révolutionner les transitions politiques, les coups d'Etat et le totalitarisme en général. Hop, un coup sec sur les rotules et on n'en parle plus. Malin, non ?

Faire dans le « malin » est un peu la signature de Philippe Ramette. On connaît bien la série de photographies drôle et ingénieuse, dans laquelle il se met en scène, costard immaculé et cheveux gominés, déambulant sur l’eau, sous la mer, à la verticale, sur des échasses, dans une lutte absurde contre l’ordre du réel… Peu importe le moyen, tant que la fin démantèle les lois (de la gravité, de la bienséance) qui régissent notre univers. Espiègles, immédiates, ces acrobaties visuelles fonctionnent comme des décharges électriques, déclenchées par la confrontation de la banalité de leur personnage, inexpressif au possible, à des situations outrageusement antinaturelles. Comme si de rien n’était. Sans donner d’explications.

A la galerie Xippas, Ramette quitte la photo pour conquérir la troisième dimension. Et l’on retrouve dans certaines de ses sculptures cette même faculté à surprendre le regard, assez subtilement, en jouant sur l’irrationalité du fait accompli. Une statue blanche, sans visage, abandonne son socle pour aller se percher au plafond. Une autre, en déséquilibre sur un piédestal qui pique du nez, semble se noyer dans le parquet. Le concept, intelligent et ironique, reste simple mais percute là où il faut, chamboulant les repères de l’art, de l’identité, de leurs systèmes de représentation… Le problème, c’est que pour que l’on comprenne bien où il veut en venir, Ramette a éparpillé des dessins sur les murs de la galerie, ultra explicites avec leurs bonshommes schématiques couronnés de points d’interrogation et de grandes phrases sentencieuses.

On peut concevoir ces épreuves, qui reproduisent et décryptent certaines des situations auxquelles sont confrontés les hommes-sculptures, comme des dessins préparatoires, dispersés dans un atelier. Mais on y lit surtout une intrusion décevante de l’explicite dans une œuvre qui puise habituellement sa force dans le sous-entendu et la poésie. D’un premier degré fade et déconcertant, les illustrations finissent par plomber la féerie de Ramette et vider l'exposition de son sens. Comme des sous-titres qui révéleraient les secrets d’un magicien.

Infos

Site Web de l'événement
xippas.com/fr
Adresse
Prix
Entrée libre
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