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Interview de Marlène Mocquet
© Time Out

Rencontre avec Marlène Mocquet

La peintre française nous parle de ses toiles avec un accent surréaliste...

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Surréalisme, expressionnisme et yeux potelés de personnages de BD se croisent sur les toiles fantasques de Marlène Mocquet, réalisées à l'aide d'un vaste éventail de techniques (comme le recours aux ustensiles de cuisine) et d'une improbable quantité de matériaux (parmi lesquels la poussière de son atelier). Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2006, cette peintre française de 33 ans est une des étoiles montantes du monde de l'art avec, à son actif déjà, une exposition personnelle au musée d'Art contemporain de Lyon (en 2009) et de nombreuses apparitions dans de prestigieuses galeries en France et à l'étranger. Nos collègues de Time Out Hong Kong ont eu la chance de la croiser à l'occasion du festival Le French May, où elle exposait au mois d'avril. Rencontre.



Comment décririez-vous votre processus créatif ?

Tout commence par une impulsion. Il n'y pas d'idée préconçue. S'il me fallait résumer cela à un procédé – ce qui est difficile – il y aurait trois étapes. D'abord, l'impulsion, donc : je vais dans mon atelier pour étaler de la peinture sur la toile et je me laisse ensuite imprégner par ce que je viens de faire. Cela me permet de me plonger davantage dans l'inconscient, où je peux recevoir et saisir des idées. Puis, je formate ce qui se passe et je me concentre. Voilà un peu comment ça se passe : je décide, puis la peinture décide, puis c'est moi qui décide à nouveau.

Vos peintures sont souvent peuplées d'éléments fantastiques. Vous rêvassez beaucoup ?

Non. Mais parfois, même quand je marche dans la rue, je m'invente des histoires et des scénarios. Je suis une personne profondément analytique : j'analyse tout ce que j'observe et, à partir de ce moment-là, il n'est plus question des objets que j'observe – l'analyse devient la base de quelque chose d'autre. C'est un peu comme mon processus créatif. Je vois quelque chose dans la peinture inachevée et je me mets à travailler cet élément. Cela donne naissance à une composition.

Les contes de fées sont-ils pour vous une source d'inspiration ?

Pas du tout. C'est intéressant que vous me demandiez cela car j'ai justement eu, tout à l'heure, une conversation à propos de symboles. J'ai peut-être pris connaissance de certains symboles, sans m'apercevoir que je les assimilais. Mais ils réapparaissent quand je peins. Je suis comme une éponge, j'absorbe beaucoup de choses. Quant aux contes de fées, je n'en lis pas – mais j'écris les miens.

Comment votre pratique artistique a-t-elle évolué depuis les Beaux-Arts ?

Je me mets dans mon atelier tous les jours et ça vient naturellement. Il n'y a pas de stratégie. Pas de référence claire à la réalité. Au fond, je suis une petite fille qui a grandi mais qui a encore plein de rêves, et qui construit un monde comme un adulte mais avec, encore, cette capacité à rêver. Même à l'Ecole, j'étais comme ça.

Il semble y avoir une pointe de spontanéité dans votre technique et votre usage de matériaux.

Quand j'étais aux Beaux-Arts, mon prof me disait que je n'étais pas le genre de peintre qui s'intéresse uniquement à son matériau – la peinture –, et que j'explorais déjà d'autres univers. Même avant l'Ecole, j'avais tendance à utiliser dans mes œuvres de la peinture industrielle, du ciment et d'autres matières utilisées dans le domaine du bâtiment. J'ai pris ce que le prof m'a dit comme une autorisation à faire ce que je voulais avec les matériaux et les moyens que je voulais. Pour moi, c'est ça la liberté.

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