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Self Styled

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

« Oser être différent » à la galerie Isabelle Gounod.

La galerie Isabelle Gounod propose jusqu’à la fin du mois une exposition intimiste et débridée, excentrique et libertaire. Elle présente en effet une dizaine de portraits de la série 'Self Styled', réalisés par Anthony Lycett depuis 2008. Au travers de plus de deux cents clichés, le photographe anglais immortalise les personnages qui font la sub-culture londonienne ou parisienne (performers, drag-queens, fashion designers, danseurs, étudiants en art…). Des portraits dichotomiques mais complémentaires : d’un côté les sujets revêtent leurs tenues diurnes, plus ou moins classiques, de l’autre ils affichent leurs plus folles toilettes nocturnes. On entre ainsi dans un univers souterrain, celui de la nuit et de l’avant-garde qui l’habite, à la rencontre de ses nyctalopes hauts en couleur. Au-delà de l’extravagance, c’est la sophistication et le plaisir de l’autoreprésentation qui dominent. Ces noctambules stylisés, gourmands du rôle qu’ils se sont créé, se mettent en scène dans leurs plus belles parures. De même qu'ils jouent de leur image, Anthony Lycett leur laissant libre choix de la tenue et de la pose.

En mettant en place un dispositif de portraits en miroirs, Anthony Lycett propose, lui, une forme dont la simplicité et la frontalité valorisent la singularité de ses sujets. En affichant leur mise en scène (fond blanc, regard caméra, pose étudiée), ils exhibent leur différence, assumée et revendiquée, tout en se réappropriant les codes des photos de mode. Poses outrancières, attitudes provocantes, regards aguicheurs sont autant d’imitations codifiées des couvertures sur papier glacé ici réutilisées, non pas par des mannequins normés, mais par de véritables dandys pour qui la mode et le style sont avant tout une arme politique et sociale. Des créatures fascinantes, qui nous crient : « Dare to be different » (« Ose être différent »), et se donnent à voir comme elles le désirent, contrôlant leur personnage en transformant leur apparence. Véritable jeu ludique avec l’identité, ces portraits interrogent les questions de représentation et d’image de soi, communes à la photographie et aux courants alternatifs de l’époque actuelle. C’est pourquoi, présentée pour la première fois à Paris, l’œuvre d’Anthony Lycett mérite que l’on s’y attarde. Tant pour ses qualités esthétiques que pour son propos. Il ne vous reste donc plus que quelques jours pour rencontrer ce monde où le jean n’existe pas, et où les armures de fer se portent sur des leggings disco ! 

Écrit par
Elise Boutié

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Entrée libre
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