Nouveau rendez-vous de la saison culturelle du Carreau, Videobox se dédie tous les deux mois à une galerie, une institution ou un artiste. Pour sa deuxième session, Videobox met à l'honneur le jeune sculpteur et réalisateur français Pierre Gaignard, ainsi qu’une série de trois de ses œuvres vidéo réalisées en Italie : 'Tutta la mia roba', 'Stronza Valentina' et 'Roma-mamma-mia, la fabbrica dei ragazzi'.
La magie des petits riens
Projetés en boucle dans une salle d’eau reconvertie – où les baquets, les lavabos, le sèche-cheveux mural, les boutons-poussoirs des douches et les mosaïques de bain orangées sont toujours visibles –, les courts métrages de Pierre Gaignard sont à la fois des documentaires, des instantanés d’humanité mouvante et des objets d’art brut expérimentaux. Que ce soit pour suivre la famille Palmerini sur son exploitation pour la récolte des olives, assister au dépouillage d’une brebis, à la fabrication des brochettes Arrosticini ou dresser les portraits croisés de deux jeunes Italiens, l’artiste use des gros plans dont l’esthétique sans fard ni faux-semblant est un rappel touchant aux personnages qu’ils immortalisent.
Poésie quasi muette
Des images sur lesquelles ne se superpose presque pas de musique. Juste quelques dialogues énoncés dans un idiome chantant afin de laisser s’exprimer, dans toute son intensité, le relief d’une phrase anodine ou la profondeur d’une réflexion philosophique. Alambiquée comme celles du peintre Luca, pendant qu’il esquisse des toiles dans son atelier de Rome. Ou plus misogyne, comme celles de Guido, qui fume la pipe en faisant de la randonnée dans les Abbruzzes. Une séance de ciném-art qui se savoure lentement, posément, sans faim, tel un bon plat de pastas di la mamma.