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A Place To Bury Strangers • 'Worship'

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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A Place To Bury Strangers 'Worship'
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Ils ont beau venir de Brooklyn, les A Place To Bury Strangers n’ont pas l’air de hipsters. Leur musique ne ressemble pas non plus à ce qui se fait habituellement dans ce quartier, foyer d’une bonne partie de la musique actuelle. Loin de l’électro rock qui sévit partout, à des années-lumière de l’indie pop omniprésente, ce power trio fait dans le noise et le post-punk. Du bruit et des larsens, un peu, des décibels, beaucoup, et des mélodies décapantes, surtout. Leurs deux premiers disques étaient déjà des modèles du genre, petites pépites façonnées en studio où, tels des démiurges en roue libre, Oliver Ackerman (guitare, chant) et Dion Lunadon (basse) s’appliquent à contrôler le chaos électrique qu’ils engendrent avec leurs instruments. Fabricants de leurs propres pédales à effets (ils travaillent aussi pour le magasin spécialisé Death By Audio), les deux hommes ont inventé un « son » A Place To Bury Strangers, une manière bien à eux de mêler mélodies, échos et larsens. Le résultat ne laisse pas de fasciner, fracas assourdissant dont on ne parvient plus à se passer une fois qu’on a su l’apprivoiser. Notons que c'est surtout vrai sur album, puisqu'en live APTBS peine à recréer ses mélodies et noie la voix dans du bruit pas toujours audible. Bref, après leur chef-d’œuvre 'Exploding Head', le groupe a su se renouveler en proposant l’EP 'Onwards to the Wall', cinq titres brillants qui mènent directement à ce 'Worship' toujours aussi passionnant. On y trouve certes deux ou trois morceaux faiblards, mais aussi des merveilles uniques en leur genre, telles que "Alone" et sa partie de batterie hallucinante assurée par Gavin Haag, "You Are The One" et son riff catchy, le surpuissant "Worship", presque libidineux, ou encore "And I’m Up", quasiment un titre de surf rock plein de mélancolie. Aussi bizarre soit la comparaison, il y a chez A Place To Bury Strangers une dette autant envers le post-punk de Joy Division qu’envers le surf rock d’un Jody Reynolds. Le travail sur l’écho, sur l’électricité ou la technologie est typique de ces guitaristes surf qui ont innové au début des années 1960. Ici, le tempo est juste bien supérieur et la production autrement plus efficace. A l’arrivée, cet héritage fait d’A Place To Bury Strangers un groupe à part et si radical qu'il clive irrémédiablement les gens en adorateurs ou contempteurs. Nous, on adore.

Label : Dead Oceans

Pour en savoir plus : http://aptbs.tumblr.com/

>> Lire les autres critiques de notre dossier sur les meilleurs albums de 2012.

Écrit par Emmanuel Chirache
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