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Bande de filles

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Bande de filles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Elles sont sympathiques comme tout et débordantes de naturel, les filles de la bande à Sciamma. A travers elles, la réalisatrice parvient même à saisir assez joliment ce qui constitue l’éphémère harmonie d’un groupe : des personnalités parfois divergentes, mais qui s’épaulent, s’entraident à un moment de leur vie, sur un pied d’égalité, jusqu’à constituer une micro-communauté affective, sans jamais dissoudre les individualités au sein du groupe.

Après ‘Naissance des pieuvres’ et ‘Tomboy’, Céline Sciamma retrouve donc son thème de prédilection, le passage à l’adolescence chez les jeunes filles, en l’implantant cette fois-ci dans la banlieue parisienne – où la timide Marieme (Karidja Touré), 16 ans, tente de fuir l’inconfort de sa situation scolaire et familiale en rejoignant le gang, joyeux et exubérant, de Lady (Assa Sylla), Adiatou (Lindsay Karamoh) et Fily (Mariétou Touré).

Entre sorties en RER, combats de rue et street dance à la Défense, le quotidien des quatre amies se déroule avec une simplicité qui pourrait sembler banale, mais qui n’est qu’apparente. En effet, l’ambition de Sciamma (assez proche, au fond, de celle de Kechiche avec ‘L’Esquive’ ou ‘La Vie d’Adèle’) vise un réalisme crédible, immédiat, parfois presque documentaire, pour lequel ces adolescentes qui bavardent, dansent ou s’évadent devant sa caméra, lui procurent une matière riche et enthousiasmante.

Toutefois, paraissant craindre une bascule trop nette ou définitive de son film dans le cinéma direct, la réalisatrice en contrebalance bientôt la vitalité par un scénario à l’évolution très précise. Peut-être même trop. Car cette ambivalence est à double tranchant. D’un côté, la rectitude de sa progression dramatique permet à Céline Sciamma de structurer un discours sur la féminité (ou, plutôt, sur ce qui apparaît comme une nécessaire virilisation de celle-ci au sein d’un environnement brutal) qui lui tient à cœur.

Mais cela limite aussi la puissance naturaliste de son film, notamment dans son dernier tiers, où la spontanéité a tendance à se perdre dans une narration balisée un peu trop démonstrative. Malgré ce bémol, ‘Bande de filles’ reste agréablement en mémoire, d'abord pour la vigueur qu’il tient de ses actrices, mais aussi pour son refus de tout sentimentalisme facile, et certaines séquences tout en humour et en douceur, électrisantes de sincérité. Qui nous donneraient presque envie de fredonner du Rihanna.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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