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Blancanieves

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Blancanieves
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Quel rafraîchissement que ce troisième film du rare Pablo Berger ! Après ‘Mama’ en 1988 et ‘Torremolinos 73’ en 2003 (soit moins d’un film par décennie, ce qui ferait presque passer Carax ou Malick pour des chantres du productivisme), le cinéaste espagnol revient sur les écrans avec cette superbe adaptation, muette et bichrome, du conte ‘Blanche-Neige’. Transposant l’histoire des frères Grimm dans le sud de l’Espagne des années 1920, Berger joue habilement avec ses éléments d’origine : on retrouve ainsi une jolie héroïne perdue, une marâtre diaboliquement jalouse, une pomme empoisonnée et – évidemment – sept nains un peu cinglés (avec, en passant, quelques clins d’œil au ‘Freaks’ de Tod Browning). Toutefois, ces différents aspects du mythe ultra-familier s’intègrent dans un récit décalé, réinventé, où corrida et flamenco ont la part belle. Bref, un joli cocktail.

Mais surtout, en réinvestissant des techniques centenaires du cinématographe (fort à propos, puisque contemporaines du récit), ‘Blancanieves’ opte pour une puissante proposition cinématographique, qui laisse le spectateur étonnamment rêveur. Superficiellement, certains pourraient considérer, dans le refus de la couleur et de la parole, une portée plus ou moins réactionnaire du film… mais en fait pas du tout ! Ou alors, pas dans le mauvais sens du terme… Car au-delà de l’apparente coquetterie vintage ou du jeu citationnel (qui peut évoquer, dans une certaine mesure, ‘The Artist’ de Michel Hazanavicius), le film de Pablo Berger nous pousse à reconsidérer le cinéma, non plus comme du théâtre filmé, mais comme de la photographie mobile. C’est-à-dire comme une forme visuelle onirique, d’autant plus intime qu’elle se soustrait au langage. Un peu comme le récent, vénéneux et sensuel ‘Tabou’ de Miguel Gomes, ‘Blancanieves’ nous rappelle ainsi combien le cinéma peut être une expérience sensitive et mentale riche, lorsqu’il ose prendre ses distances avec les codes d’un réalisme au premier degré. En plus, le film sait à la fois être émouvant et très drôle… En deux mots, une belle surprise !

Écrit par Alexandre Prouvèze

Détails de la sortie

  • Noté:12
  • Date de sortie:vendredi 12 juillet 2013
  • Durée:104 mins
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