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Café Society

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Café Society
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Sans aucun doute l’un des meilleurs crus de Woody Allen.

Tout le temps, partout, on nous le sert à toutes les sauces : le fameux « C’était mieux avant. » Woody Allen n’est guère épargné par ces mauvaises langues qui, après ‘Blue Jasmine’ et ‘The Irrational Man’, lui reprochaient son style ultra-contemporain. Seulement voilà, les nostalgiques du maître new-yorkais peuvent cesser de geindre : avec ‘Café Society’, c’est justement comme avant. Dans un style très personnel, Allen gorge son œuvre de références à sa propre filmographie, à ses thèmes récurrents (l’illusion, la réalité), pour ce qui est sans aucun doute l’un de ses meilleurs crus.

Dès le départ, on est embarqué. Le film s’ouvre sur un magnifique panoramique qui atterrit sur une foule au bord de la piscine. Avec des plans d’une rapidité captivante, des travellings avant et une ambiance très jazzy, Allen nous plonge dans la vie d’un personnage qu’il aurait pu tenir au siècle précédent : celui de son alter ego. Jesse Eisenberg interprète un New-Yorkais, juif, névrosé, qui découvre le monde fantasmé d'Hollywood des années trente. A la recherche d’un boulot, il part à la rencontre de son oncle (Steve Carell), agent de stars survolté qui use délicieusement du name-dropping. Aussi, le jeune garçon tombe amoureux d’une irrésistible secrétaire, Kristen Stewart.

Comme pour 'Radio Days' notamment, qui encapsulait déjà la période des années trente, Woody Allen évoque à travers ce film une jeunesse vécue : la sienne. Une fois implanté sur la côte ouest, l’homme réalise à quel point la Grosse Pomme lui manque. Ce n’est nullement anodin tant on se souvient dans 'Annie Hall' des blagues sur la ville de Los Angeles, lieu qui le fascine autant qu’il le révulse. Eisenberg voit, dépité, la femme de laquelle il est épris devenir la compagne de son oncle. Leur amour devient impossible et se destine à n’être que fantasmé. C’est terriblement bouleversant.

Si l’époque lointaine est magnifiée par cette lumière jaune, que l’on doit au chef opérateur Storaro (‘Apocalypse Now’, ‘Le conformiste’), une vague de jouvence baigne dans le film. On le doit surtout à l’âge et au jeu contemporain des acteurs, les deux principaux en tête. Eiseinberg, parfait dans son personnage allénien, interprète son rôle le plus convaincant depuis ‘The Social Network’. Quant à Kristen Stewart, connue par les plus jeunes pour le rôle de Bella dans 'Twilight', elle joue extrêmement bien dans un style qui paraît presque hésitant.

Comme dans la plupart des films d’Allen, le tout est gorgé d’humour et d’une simplicité détonante. « Tu es adorable, on te l’a déjà dit ? Tu me fais penser à un chevreuil pris dans les phares d’une voiture. » Surtout, grâce à la voix off et nasale du cinéaste, le film devient extraordinairement littéraire et romanesque. Allen peut alors développer toutes les questions spirituelles et métaphysiques qui définissent son cinéma. Mieux encore, sans trop en faire, il signe l’une de ses plus belles œuvres sur la mélancolie. Et dans les meilleurs moments, on pense même à Lubitsch. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.

Houssine Bouchama
Écrit par
Houssine Bouchama

Détails de la sortie

  • Noté:12A
  • Date de sortie:vendredi 2 septembre 2016
  • Durée:96 mins

Crédits

  • Réalisateur:Woody Allen
  • Scénariste:Woody Allen
  • Acteurs:
    • Jesse Eisenberg
    • Blake Lively
    • Kristen Stewart
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