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Camille redouble

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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Camille redouble
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Voici enfin une comédie française tout public, drôle, sincère, pétillante et bien ficelée : autrement dit, 'Camille redouble' nous change des habituelles enfilades de gags frelatés, négligemment reliés les uns aux autres par une indigeste bouillie scénaristique et interprétés par des comiques tout juste sortis d'une émission de Canal +. Enfin, donc, une comédie made in France qui ambitionne autre chose que se moquer des beaufs, tout en leur servant une soupe honteusement populiste ('Bienvenue chez les Ch'tis', les films d'Onteniente…), et qui, par sa douceur et son imaginaire, parvient même à rappeler le meilleur de certaines comédies fantastiques : qu'il s'agisse des immanquables 'Retour vers le futur' (Robert Zemeckis), 'Un jour sans fin' (Harold Ramis), ou, côté français, 'Je t'aime je t'aime' d'Alain Resnais.

Après une cuite véritablement épique à la fin des années 2000, Camille, la quarantaine (Noémie Lvovsky, également co-scénariste et réalisatrice du film), se réveille en 1985 : elle a 16 ans, et c'est la veille de la rentrée des classes. A première vue, l'histoire en rappelle une autre (Marty McFly, es-tu là ?), sauf que, contrairement au héros de Zemeckis, Camille se fout comme de sa première culotte du continuum espace-temps, et va plutôt tout faire pour changer son destin, manifestement placé sous le signe de la grosse lose – bref, éviter de se retrouver quadra alcoolique en plein divorce, telle qu'elle apparaît dans les premières séquences du film.

Mais au lieu de se concentrer sur le versant science-fictionnel de l'histoire, Noémie Lvovsky préfère la traiter par l'humour, à travers une galerie de personnages émouvants et souvent bien sentis : le petit ami dont Camille est censée tomber enceinte (Samir Guesmi), ses parents (Michel Vuillermoz et Yolande Moreau), le prof avec lequel elle flirte (Denis Podalydès)… le tout assorti de caméos parfois jouissifs, comme Riad Sattouf en réalisateur de films gore, Mathieu Amalric en prof humiliant et sinistre, et, surtout, un toujours superbe Jean-Pierre Léaud en horloger de la comète tendre et lunaire.

Surtout, Lvovsky maintient une distance fort bienvenue à l'égard de son scénario qui, trop habile, risquerait de tomber dans des travers mécaniques : en incarnant à la fois Camille à 16 et à 40 ans (de même que Samir Guesmi avec son personnage), elle réussit à insuffler une légèreté euphorisante, limite je-m'en-foutiste, en même temps qu'un refus assez brechtien (si, si) du spectaculaire. Au bout du compte, malgré une fin un peu prévisible – sans pour autant être désagréable – Noémie Lvovsky livre un film extrêmement sincère sur l'âge, la jeunesse, les sentiments et le souvenir. Très certainement l'un des plus réjouissants et charmants de la rentrée. Où le rire et l'émotion se confondent ; et l'on peut lire, en arrière-plan, que la fidélité à sa jeunesse se trouve, peut-être, dans les infidélités qui restent à faire à ce qu'on est devenu...

Écrit par Alexandre Prouvèze
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