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Comme un avion

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Comme un avion film Podalydès
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

« J’accorde une grande importance au matos… » C’est avec ce genre de dialogues décalés, drôles et subtils à la fois, que Bruno Podalydès s’est forgé un bel œuvre. Bien qu’imparfaits, ses films Dieu seul me voit et Le Mystère de la chambre jaune, notamment, ont révélé au public les qualités du réalisateur, mélange de ton personnel, d’absurdité comique et d’audace modeste. Au sein du cinéma français, Podalydès possède une voix qui lui est propre. Une bande d’amis comédiens aussi – à commencer par son frère Denis, qui accompagne tous ses films et leur donne cette couleur singulière.

On retrouve bien évidemment le style du cinéaste dans Comme un avion. Une fois n’est pas coutume, Bruno Podalydès met lui-même en scène ses faux airs d'Alain Chabat avec le personnage de Michel, cinquantenaire infographiste 3D et passionné d’aéropostale, traversant une crise existentielle. Une petite crise, légère et rigolote, qui cherche dans l’obsession monomaniaque du kayak (héritée d’une discussion sur les palindromes) une occupation pour tromper la peur de vieillir. Métaphore symbolisant la façon qu’a Michel de se laisser porter par le courant et par la vie, le kayak incarne aussi le cinéma de Podalydès et sa méthode du « pas de côté ». Michel est fan d’avions ? Il fera du kayak. Ainsi, quand ses amis lui offrent un baptême en avion, il ne semble pas du tout excité par le cadeau. Avec son embarcation, l’infographiste prévoit un long périple, pourtant il n’ira pas bien loin, ramené sur les lieux de son premier arrêt comme un homme à la dérive est repoussé sur le rivage par les vagues.

A l’image de  Michel/Bruno Podalydès sur sa rivière, le spectateur se laisse porter avec enthousiasme par le film. Un peu bancal et ringard certes, mais très drôle, émouvant, modeste, rempli de petites idées de mise en scène, Comme un avion donne des envies de vacances, des envies d’ailleurs, des envies de simplicité. Il prend la vie avec philosophie, rendant les leçons d’un épicurisme sage à la Guitry, lequel parlait dans Mon père avait raison de « la confiance sans limites que l’on doit à la vie ». C’est cette confiance qui porte Michel et lui fait faire les belles rencontres que son kayak a provoquées. « Rien n’est grave, en dehors de la mort des autres », disait Sacha Guitry dans son long-métrage de 1936, un mot qui ferait ici aussi office de proverbe : chacune des aventures sentimentales de Michel porte le sceau de l’infinie légèreté et quand il apprend que sa femme le trompe sans doute également, il ne s’en émeut pas. Michel n’a plus 20 ans et ce n’est pas grave, finalement. Ivre mort à l’absinthe, il esquisse quelques pas de danse en moquant son ridicule : « Je suis pathétique ! » Mais non, Michel, mais non, nous on t’aime.

Écrit par Emmanuel Chirache
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