Cosmopolis

En adaptant le ‘Cosmopolis’ de Don DeLillo (publié en 2003), David Cronenberg s’est manifestement cassé les dents : verbeux, esthétisant, le film ne bénéficie en outre que fort peu de la présence (pourtant remarquée) d’un Robert Pattinson totalement inexpressif – y compris lors d’un toucher rectal plutôt rigolo. Ici donc, l’ancien vampire (pseudo-)sexy de ‘Twilight’ incarne un jeune multi-milliardaire spéculant – voire tenant carrément conférence – à l’arrière de sa limousine. Bien sûr, le film n’est pas dépourvu de portée critique, de cynisme ou de cette fameuse étrangeté cronenbergienne dont on regrettait l’absence dans son précédent opus ‘A Dangerous Method’… Seulement, l’ensemble ne prend pas, et le film ne parvient jamais à la cohérence organique des excellents ‘Vidéodrome’ ou ‘eXistenZ’. La faute sans doute aux dialogues à la fois roublards et très littéraires de l’œuvre de Don DeLillo, que Cronenberg compile en admirateur… mais au détriment de son propre travail ! A eux seuls, ces dialogues denses, bourrés d’ironie et de distance, auraient mérité une réalisation effacée, dépouillée. Or, Cronenberg en fait trop dans les cadres chelou et les ambiances rappelant ‘American Psycho’, tant et si bien que son film en devient indigeste. Et vu combien Pattinson a du mal à soutenir la comparaison avec Viggo Mortensen, acteur-fétiche des trois précédents films du cinéaste canadien, on finit assez insatisfait du formalisme bancal de ce ‘Cosmopolis’ indécis. D’autant qu’en termes de films de limousine, Leos Carax et son ‘Holy Motors’ nous auront retourné la tête bien davantage. Au final, un petit Cronenberg. En attendant le prochain.