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De mémoires d'ouvriers

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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De mémoires d'ouvriers
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles
Le documentaire de Gilles Perret part d’un constat simple : les ouvriers représentent le plus grand groupe social constitué, totalisant 23 % des actifs, mais n’occupent que 2 % de l’espace médiatique. Un peu comme si aujourd’hui, en dehors des scandales de délocalisation et de séquestration de patrons, ces travailleurs n’intéressaient plus personne et n’avaient rien à dire de ce monde, dans lequel eux aussi vivent. Dernièrement, élections présidentielles obligent, on a pu voir les différents partis en compétition se racheter une virginité à ce propos, s’étonnant de la désindustrialisation du pays et du statut d’« invisibles » de ces travailleurs, alors que les gouvernements successifs (auxquels de nombreux partis ont participé) sont les artisans de ce « devoir d’oubli » de la classe ouvrière, par leur laxisme face aux délocalisations et leur obsession de la classe moyenne.
 
‘De mémoires d’ouvriers’ reste pourtant plus proche d’un discours social que politique – si tant est qu’on puisse véritablement tracer une frontière entre ces notions –, ce que certains pourraient regretter. A travers un dispositif filmique simple (micro-trottoir, témoignage sur le lieu de vie ou de travail), c’est toute une classe qui dit l’absurdité d’un monde où l’économie prend le pas sur toutes les dimensions de notre société. Du rôle de l’industrie dans l’économie (et plus encore la vie) locale et de ses liens à l’agriculture au récit de la construction du barrage de Roselend, en passant par l’immigration et l’usage qu’en font les entrepreneurs, on en apprend beaucoup sur une classe et, au-delà, sur l’humanité en général, malgré quelques longueurs et considérations très (trop) locales. Il n’en reste pas moins que l’optimisme de ces individus, souvent durement touchés par la crise, fait plaisir à entendre. En attendant le premier tour des élections, un peu de baume au cœur ne fera de mal à personne.
Écrit par Nicolas Hecht
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