Déesses indiennes en colère

Sept amies se retrouvent à Goa pour célébrer un mariage à venir. Le pitch est classique ; le décor, celui de l’Inde contemporaine, l’est moins. Car les sept jeunes femmes en question, pour la plupart libres et indépendantes, doivent faire face à une société toujours ultra-patriarcale, où la phallocratie reste dominante.

Une musicienne sauvage et sensible, une dirigeante d’entreprise carriériste, une syndicaliste prête à en découdre, une actrice de Bollywood insatisfaite des habituels rôles de potiches… Les portraits de femmes que dresse le long métrage de Pan Nalin se succèdent, s’emboîtent, s’enrichissent les uns les autres. Oscillant entre légèreté et difficultés singulières, ‘Déesses indiennes en colère’ s’avance avec son charme de buddy-movie au féminin, à la fois exotique (par son cadre) et familier (à travers son thème, sa réalisation à la Sundance…).

Toutefois, sous ses airs pétillants, ‘Déesses indiennes en colère’ prend, peu à peu, une tournure nettement plus sombre. Et une densité inattendue. Après avoir accompagné ces femmes libres dans leurs débats sur leurs situations, sur la vie en général, le travail ou la sexualité, le film a en effet la justesse de ne pas enjoliver pour autant son message. Oui, ces jeunes femmes ont raison. Mais la société continue de leur donner tort. Souvent violemment.

Alors, ‘Déesses indiennes en colère’ n’est pas sans trouver, au bout du compte, une résonnance puissante et, disons-le, déstabilisante, avec les violences faites aux femmes, en Inde, mais aussi à travers le monde. Film à double fond, ‘Déesses indiennes en colère’ peut parfois paraître bancal. Mais c’est sans doute aussi cela qui fait sa force. Une force qui n'hésite pas à prendre à la gorge. Et à vous laisser coi.