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Distant Voices

  • Cinéma
Distant Voices, Still Lives
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Time Out dit

C'est ça la vie...

L'on a trop souvent supposé que le cinéma britannique indépendant d'art et d'essai menait dans son coin une conspiration, se préoccupant systématiquement de raconter des histoires sur la classe ouvrière avec beaucoup de distance et un réalisme terne – ou, pour emprunter le mot utilisé par ses détracteurs, avec « misérabilisme ». Bien sûr, il y a des coupables, mais si l'on ne devait citer qu'un cinéaste pour remettre en question cette affirmation, ce serait bien Terence Davies, dont le 'Distant Voices' est sans doute l'un des plus grands films britanniques des vingt-cinq dernières années – un jugement que notre scrutin semble confirmer. Pour couronner le tout, après une absence de dix ans, Davies, 65 ans, est de retour derrière la caméra et a récemment présenté 'The Deep Blue Sea', une adaptation de Terence Rattigan, son premier film depuis 'Chez les heureux du monde' sorti en 2000.

Originaire de Liverpool, ce cinéaste extrêmement cultivé et farouchement indépendant a passé les seize premières années de sa carrière en réalisant trois courts métrages suivis de deux longs métrages, 'Distant Voices' et ' The Long Day Closes' (1992), trouvant là différentes voies personnelles et très poétiques de donner un sens aux souvenirs de son enfance passée dans un environnement d'après-guerre représentatif du mode de vie de la classe ouvrière. Avec 'Distant Voices', Davies dresse avant tout le portrait de ses parents et de ses frères et sœurs à l'époque de sa naissance, mais en se retirant du cadre. En tant que telle, cette évocation fidèle et fracturée de la vie dans les années 1940 et 50 à Liverpool fait autant appel à la mémoire qu'à la vérité. Nous faisons l'expérience des choses de la vie – la brutalité d'un patriarche (Pete Postlethwaite), le mariage de sa fille, les refrains entonnés ensemble au pub – mais le déroulement du film est plus émotionnel que chronologique, et Davies préfère des images et des moments percutants au détriment d'une narration simple. Ses chansons nous élèvent tandis que sa tristesse nous fait redescendre. La plupart du temps, cependant, c'est l'amour pour le cinéma de Davies qui se manifeste dans la moindre particule de ce film magnifique.

Écrit par Dave Calhoun / Trad. Charlotte Barbe
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