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El Chino

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
El Chino
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles
Comédie argentine aigre-douce, ‘El Chino’ raconte une histoire assez drôle et plutôt touchante, dont on devine les ressorts avant même d’avoir commencé. Quincaillier avare, misanthrope, grincheux et maniaque, Roberto passe ses journées à engueuler ses clients ou à compter des clous, et ses soirées à attendre, maladivement, que le réveil affiche 23 heures pétantes pour s’autoriser à éteindre la lumière. Alors forcément, quand Jun, Chinois fauché et paumé qui ne parle pas un mot d'espagnol, atterrit (littéralement) dans sa vie, tout est chamboulé. Incapable de l’abandonner dans les rues de Buenos Aires, l’Argentin, qui, derrière ses airs pingres et revêches, a bien entendu le cœur sur la main, ouvre sa porte à l’étranger en bougonnant. Grimaces et gesticulations deviennent alors le pain quotidien de ce duo boiteux (c’est pas plus mal : Roberto n’est pas du genre bavard), les imprévus se multiplient et l’increvable carapace du Latin, aussi hargneux qu’écorché vif, se ramollit peu à peu. Bref, vous l’aurez compris, le gentil Jun fait revenir son hôte à la vie par petites doses d'humanité, injectées ici et là dans son existence minable.

Malgré sa trame sans surprise, ‘El Chino’ réussit à enjamber les pièges qui jonchent la progression de la plupart des comédies du genre. Ricardo Darin (‘Neuf Reines’, ‘Dans ses yeux’) y est pour beaucoup, excellent en Porteño (habitant de Buenos Aires) râleur. Au lieu de s'embourber dans le rire gras que provoque le ridicule du gentil sauvage, le film de Sebastián Borensztein réussit presque à rester subtil, voire légèrement critique, vis-à-vis des rapports que les Argentins entretiennent avec « l’autre » (mis à part un épisode un peu poussif sur la guerre des Malouines). Pour devenir, finalement, un conte universel et attendrissant sur les petits travers des hommes, les écorchures qu’ils cachent derrière leurs mesquineries et les absurdes conséquences qui accompagnent les hasards les plus infimes. ‘El Chino’ : le drôle de cousin argentin de l’effet papillon ? Plutôt de l’effet vache qui tombe du ciel, enfin... c’est une longue histoire. Vous comprendrez.
Écrit par Tania Brimson
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