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Femmes entre elles

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Femmes entre elles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Sans avoir l’ampleur d’un manifeste esthétique comme ‘L’Avventura’ (1960) ou la maestria solaire de ‘Profession : reporter’ (1975), ce film d’Antonioni réalisé en 1955 ne manque pourtant ni d’intérêt ni de saveur. Voire, c’est sans doute l’un des tout premiers à établir à la fois les thèmes et le style du cinéaste italien. ‘Femmes entre elles’ s’affirme en effet, déjà, comme un film du doute, de l’hésitation amoureuse et de la suspension du temps par le désir.

Venue à Turin lancer un salon de mode, Clelia (Eleonora Rossi Drago) séjourne à l’hôtel, lorsqu’elle découvre que la femme qui occupe la chambre attenante à la sienne, Rosetta (Madeleine Fischer), vient de faire une overdose de médicaments. Remuée par cette apparente tentative de suicide, Clelia se rapprochera de Rosetta, et des amies de celle-ci, croisées à l’hôpital. Le film suit ainsi le ballet de cinq femmes, leurs relations entre elles, et avec les hommes. Avec beaucoup de délicatesse et de profondeur.

Ce qui est délectable dans les films d'Antonioni – et qu’on le voit ici commencer à creuser avant que cela ne devienne la marque même de son génie – c’est la langueur des sentiments, y compris dans la dépression. Comme souvent chez lui, les femmes apparaissent névrosées, déchirées, et les hommes largement aveugles, sans que cela ne mène jamais à la violence ou l’hystérie. Au contraire, tout se joue dans les affleurements, la communication impossible, la mélancolie des amours indécises, comme si les histoires les plus poignantes étaient celles qui n’advenaient pas. Bref, les grands thèmes antonioniens.

Or, stylistiquement, ses mouvements de caméra parviennent déjà à rendre parfaitement cette douceur triste, cette tension intérieure, à travers la sensualité de ses cadres et ses travellings contemplatifs. Aussi, sans être un chef-d’œuvre absolu comme ceux qu’il réalisera plus tard avec Monica Vitti (‘Le Désert rouge’, notamment), ‘Femmes entre elles’ n’en est pas moins un film remarquablement tendre, puissant et subtil. Qu’on ne manquera donc vraiment pas de (re-)découvrir.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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