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Footnote

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

En plus d’avoir été l’un des longs métrages les plus inhabituels du dernier Festival de Cannes, il est certain que ce quatrième film de l’Israélien Joseph Cedar risque de diviser les critiques – et ce, à plusieurs niveaux. Déjà, un éminent journaliste français m’avait confié sa stupéfaction, n'en revenant pas qu’une comédie si maladroite et sinistre ait été intégrée à la sélection officielle. Mais s’arrêter à cela serait sans doute mal interpréter les intentions de Cedar. Car bien qu'à plusieurs reprises, l’auteur s'amuse (parfois seul) de l'humour sarcastique de beaucoup de ses scènes, la plupart du temps son film opère dans un registre nettement plus sérieux. Et l’on pourrait alors davantage l’envisager comme une sorte de mini-tragédie sur le sacrifice et la tentation.

Le récit a pour principal sujet une intense rivalité entre un père et son fils, Eliezer et Uriel Shkolnik (Shlomo Bar-Aba et Lior Ashkenazi), tous deux professeurs au département d’études talmudiques de l’Université hébraïque de Jérusalem. L’histoire commence par un drame pour le père, contraint d’assister à une cérémonie officielle en l’honneur de son fils – honneur que lui-même n’a jamais reçu, faisant de cette journée la pire de son existence. Mais les choses semblent s’améliorer pour Eliezer lorsqu’il apprend qu’enfin, après des décennies d’attente et de déceptions, le prestigieux prix d’Israël va lui être remis. Pourtant, cette nouvelle est le commencement d’une série d’événements moralement complexes et, surtout, infiniment tristes...

Ainsi, le film en devient presque romanesque, notamment dans la subtilité avec laquelle Cedar peint les différences et ressemblances du père et de son rejeton, ou les rouages administratifs du système universitaire israélien. En même temps – et c’est là que réside une grande part du génie du film – il adopte un style cinématographique très imaginatif et vivant, de telle sorte que le fond et la forme correspondent. Par exemple, le titre du film (qu'on peut traduire par ‘Note de bas de page’) fait non seulement référence à un détail du scénario (qui s’avère néanmoins crucial), mais évoque également le caractère du père, modeste et consciencieux, tout en faisant écho à un aspect de la structure narrative du film.

Manifestement, ‘Footnote’ a donc été pensé avec un soin méticuleux, du début à la fin et à tous les niveaux. Alors, même si beaucoup trouveront sa partition excessivement chargée (voire bruyante), sa tonalité – rappelant par moments les dernières symphonies de Chostakovitch, elles-mêmes traversées par l’histoire juive et ses souffrances – convient parfaitement à cette analyse d’une querelle universitaire et familiale, en apparence intime, mais qui finit par assumer, pour ceux que cela touche, les dimensions d’un conflit épique entre la nouveauté et l’ancienneté, la vérité et le mensonge, le bien et le mal…

Écrit par Geoff Andrew (trad. Charlotte Barbe)
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