[title]
Il était une fois Gaby. Une jeune femme pleine d’humour, un peu gauche et trop bavarde mais tout à fait charmante dans sa spontanéité. L’héroïne, interprétée par Lolita Chammah – qui n’est autre que la fille d’Isabelle Huppert – emprunte simplement les chemins du conte : elle traverse la forêt obscure de ‘Blanche Neige’, se retrouve seule pour affronter un monde extérieur qui la ramène à ses propres tourments, et rencontre finalement Nicolas (Benjamin Biolay, inattendu et convaincant), gros ours un peu ermite dans sa cabane, lequel se transformera, sans grande surprise, en prince plutôt charmant.
La temporalité circulaire du film s'avère intéressante, bien qu'un brin lassante. Une fois les amis de Gaby envolés, les même plans reviennent sans cesse : l’ennui, les chemins jusqu’au village sur le même morceau de piano et le retour jusqu’à la maison déserte avec un nouveau garçon de café, puis la fameuse balade quotidienne avec son ermite barbu.
Pour autant, la légèreté semble presque inhérente à ce troisième long métrage de Sophie Letourneur. La réalité qu’il dépeint, à travers l’authenticité de ses dialogues, contraste avec l’esthétique très picturale de certains plans de campagne, rappelant tantôt des tableaux de Vermeer ou de Bellini. Et, il faut l’avouer, ce combo est plutôt réussi. Nico vient en aide à Gaby, la grande enfant qui ne veut pas dormir seule ni dans le noir, et se métamorphose lui aussi à son contact, comme la Bête se sustente symboliquement de la Belle.
Aussi ce récit initiatique reflète-il sciemment les angoisses de la réalisatrice, sa perception de la solitude et son rapport au monde, malgré son évidente part fictionnelle. Mais l’héroïne retrouve finalement son chemin grâce aux petits cailloux de ce conte moderne et décalé. Tout finit mignonnement bien ; mais ça, il fallait s’en douter. On connaît la formule des contes.