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Quand un film parvient à montrer, dans sa première minute, un homme tirant allègrement sur un nourrisson à coups de fusil, le tout sur fond de musique classique, on est plutôt curieux. Et il faut lui reconnaître, ‘God Bless America’, avec ses allures de ‘Kill Bill’ du pauvre, contient quelques scènes de vice absolument jouissives.
Frank, la quarantaine bien sentie, divorcé et fraîchement viré, a des troubles du sommeil, des voisins bruyants, une fille qui le déteste, et un cancer. Bref, Frank en a ras le cul. Mais après avoir envisagé d’abréger ses souffrances, il se ravise et choisit plutôt d’exécuter une jeune star de télé-réalité - Chloe, blonde, pourrie-gâtée, détestable - qui doit payer pour avoir abruti l’Amérique avec ses histoires de voiture hors de prix et de fête d’anniversaire. Associé à Foxy, une ado rebelle en manque de sensations fortes, Frank prend rapidement goût à cette frénésie meurtrière, et nos Bonnie & Clyde des temps modernes se mettent alors à dégommer tous ceux qui les ennuient, et plus particulièrement, tous les gens “méchants” (des néo-conservateurs-antisémites-et-homophobes aux gens qui parlent trop fort pendant une séance de ciné).
Si ‘God Bless America’ a voulu être une satire sanglante et délurée, on peut surtout en dire que c’est une chronique pas très subtile d’un pays ravagé par le cynisme et la stupidité. Fox News, Jackass, American Idol : la télé, ce média diabolique, en prend pour son grade. Pourtant, le film de Bobcat Goldthwait fonctionne mieux dans ses moments de pure violence, ou de complicité entre ses deux personnages un peu toqués, que lorsqu’il tente, à grand renfort de discours soporifico-Beigbederiens, de se donner un air intelligent. Parce que quand on associe massacre à grande échelle et arrière-ton moralisateur, cela finit (presque) par sonner comme un pénible appel au génocide : pas top.