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Hara-Kiri : mort d'un samouraï

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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Hara-kiri
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Après '13 Assassins', Takashi Miike reprend ici l'histoire (et le titre) d’un grand classique des années 1960, film de samouraïs en noir et blanc de Masaki Kobayashi. L’histoire se déroule au début du XVIIe siècle, et a pour personnage principal le ronin Hanshiro (Ebizo Ichikawa dans le film de Miike), qui débarque un beau jour dans la demeure de Lord Li pour lui demander l’autorisation de commettre chez lui le rituel du suicide. Le domestique du Lord, Kageyu (Koji Yakusho), lui demande alors si sa requête est sérieuse et lui raconte le terrible sort d’un jeune guerrier, venu faire la même demande quelques mois auparavant.

C’est sur cette scène que débute l’élégant film de Takashi Miike, dont le classicisme de ton n’est absolument pas mis à mal par la 3D. A plus d'un égard, son adaptation ressemble d’ailleurs incroyablement au film de Kobayashi, que ce soit en termes de narration, de tonalité ou de rythme. Pourtant, la cadence – contemplative durant les cent premières minutes – devient un peu trop chronométrée lors du récit des événements ayant conduit Hanshiro à la maison de Li : récit d’une profonde souffrance personnelle, et d’un désir solide et froid de voir punies la cruauté et l’injustice.

Visuellement, Miike remue ciel et terre, et fait de la 3D un usage percutant, soucieux du respect des couleurs et des saisons : fleurs, feuilles d’automne, pluie et neige sont sublimées et font écho aux émotions de Hanshiro et sa famille dans une société structurée à l’excès par l’honneur militaire. Par ailleurs, les acteurs sont aussi subtils que la sombre musique de Ryuichi Sakamoto. Cependant, alors que les malheurs qui viennent entamer le bonheur de Hanshiro s’accumulent, on comprend vite que l’histoire, même dirigée minutieusement par Miike, charge un peu trop la mule. Et le film ne parvient pas véritablement à déclencher d’émotion.

Au final, de tous les efforts techniques apportés aux atmosphères et décors, on retient surtout leur maîtrise formelle, plutôt que l’épilogue cathartique attendu de ce récit initiatique sur l’injustice et la vengeance. Au final, aussi impressionnant et habile qu’il soit, cet ‘Hara-Kiri’ ne parvient pas à être aussi vivant que les meilleurs tableaux de samouraïs. C'est dommage.

Écrit par Geoff Andrew (trad. C. Barbe)
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