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Imagine

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
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Imagine
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Lisbonne, l’été, une lumière sublime. Dans un centre pour enfants malvoyants, Ian (Edward Hogg), trentenaire aveugle – et plutôt beau garçon – débarque pour apprendre aux gamins sa méthode de géolocalisation intuitive : par le bruit de ses talons ou de ses claquements de doigts, et par une extrême attention aux sons environnants, à la réverbération des lieux, Ian parvient en effet à se repérer sans canne. Mais son enseignement, qui tient souvent de la contemplation sonore, suscite d’abord l’étonnement des élèves, puis la défiance de l’institution. En parallèle, une histoire d’amitié amoureuse et indécise s’établit entre Ian et sa voisine, Eva (Alexandra Maria Lara), elle aussi jolie trentenaire non-voyante, réputée dans l’institution pour son mutisme et son asocialité.

L’idée fondatrice du réalisateur polonais Andrzej Jakimowski, consistant à insister sur le traitement du son et la dimension auditive de l’expérience cinématographique, se révèle vite passionnante, et d’une jolie finesse. Entre ses faux airs de documentaire et ses réminiscences du ‘Cercle des poètes disparus’, ‘Imagine’ a, en outre, le mérite d’être joliment tourné, baigné d’une lumière solaire qui échappe à ses protagonistes, plongés dans leur obscurité permanente. Parfois, on souhaiterait d’ailleurs que le film creuse davantage cette sensualité, comme lors de cette jolie scène où Ian et Eva se croisent dans un couloir, se frôlent presque sans un mot, ne découvrant leur présence charnelle qu’à travers le jeu de leurs souffles retenus, incertains d’être véritablement présents l’un et l’autre. Bref, ‘Imagine’ aurait pu être un très grand film sur l’écoute et la puissance des sens, doublé d’une profonde réflexion sur le regard. Il n’y parvient pas tout à fait, mais n’en reste pas moins un film charmant, rafraîchissant, honnête et subtile.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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