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James Bond - Skyfall

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Skyfall
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Lire notre interview de Daniel Craig

‘Vous vous attendiez à quoi ? Un stylo qui explose ? On ne fait plus trop ça…’ Telle est la réponse que le nouveau Q (interprété par Ben Whishaw) adresse à Bond (à nouveau sous les traits de Daniel Craig) dans ce ‘Skyfall’, épisode à la fois audacieux et soucieux de l'aura de son personnage principal. D’ailleurs, c’est un peu tout le charme de 007 : un équilibre, entretenu à travers le temps, entre tradition et modernité, auquel le réalisateur Sam Mendes apporte ici sa touche personnelle et un regard élégant, sombre et pinçant. Ceci dit, le cinquantenaire de l’agent secret (apparu en 1962 au cinéma, avec le cultissime ‘Dr. No’) se voit ponctué de clins d’œil appuyés au passé – comme le retour de l'Aston Martin DB5 que conduisait Bond dans ‘Goldfinger’, ou les crocodiles enjambés par Roger Moore dans ‘Vivre et laisser mourir’.

En général, les films de Bond ressemblent au butin de pies voleuses, picorant dans les tendances du cinéma mainstream. Ainsi, en 2008, ‘Quantum of solace’ empiétait ouvertement sur les plates-bandes d’un Jason Bourne à la mode. Heureusement, ‘Skyfall’ prend plus subtilement ses marques, non seulement lorsqu’il fait écho aux super-héros dépressifs aujourd’hui en vogue, mais surtout en prenant appui sur certains grands thèmes du monde contemporain : à travers ses allusions au terrorisme, au piratage, voire à la corruption gouvernementale – tout en restant suffisamment imprécis pour ne jamais rien signifier véritablement. Bien sûr. C’est un James Bond. L’atmosphère fait tout ; un semblant de pertinence ou d’actualité lui suffit amplement.

Le film voit d’abord Bond traverser une crise intérieure, après une mission ratée à Istanbul, où des noms d’agents secrets sont tombés aux mains d'un mystérieux adversaire. Puis, via Shanghaï et Macao, on le suit traquant le responsable de manigances ourdies à l'encontre de M (Judi Dench, sa boss) et du supérieur de celle-ci, Mallory (Ralph Fiennes). Au moment où une bombe explose au MI6, à Londres, il devient clair que M est particulièrement menacée.

Entretemps, un délicieux méchant se glisse dans l’histoire, avec le personnage de Silva (Javier Bardem) : poseur et lisse, doté d’une mèche blonde absolument effrayante, il ose remettre en question la virilité de Bond dans une scène proprement saisissante, où ses mains courent le long des jambes de 007. Mais les sponsorts et partenaires commerciaux du film peuvent dormir tranquilles : plus mutique et impénétrable que jamais, le Bond de Daniel Craig, ultra-viril, se contente de lâcher ses répliques lapidaires comme s’il faisait des blagues à un enterrement.

‘Skyfall’ s’affirme donc comme un épisode assez particulier, avec quelques grands moments visuels : une course de motos sur le toit du Grand Bazar d’Istanbul, les néons et gratte-ciel de Shanghaï, ou encore les paysages de l’Ecosse, pour une sombre conclusion. Même, le film parvient presque à nous convaincre de la possibilité d’une vie affective chez Bond, en tentant un lien entre sa crise existentielle et sa relation (ou plutôt : son absence de relation) avec ses parents. Enfin, sans tomber dans la psychanalyse non plus.

Toutefois, Mendes pensait sans doute risqué de négliger les attentes des amateurs de la série, et son approche semble avoir été de coller aux recettes traditionnelles tout en se les réappropriant. Hélas, les James Bond girls jouées par Naomie Harris (en collègue du MI6) et Bérénice Marlohe (en femme fatale) sonnent fausses et décevantes. Le côté touristique de ‘Skyfall’ – en particulier l’épisode à Macao – est assez embarrassant, aussi.

Ce n’est que dans la seconde moitié du film, qui se déroule entièrement en Grande-Bretagne, qu’on sent que Mendes finit par jouer à fond la carte compulsive du James Bond classique. Il est alors en mesure de le rendre plus percutant, plus homogène, avec un juste mélange d’action, d’émotion et d’intrigues, qui culmine dans une épreuve de force où Bond, isolé et solitaire, doit faire face à son ultime ennemi.

Écrit par Dave Calhoun (trad. A.P)

Détails de la sortie

  • Noté:12
  • Date de sortie:vendredi 26 octobre 2012
  • Durée:143 mins
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