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Jimmy's Hall

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Jimmy's Hall
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Ce n’est pas la première fois que Ken Loach se frotte à l’Irlande. Après ‘Secret défense’ (1990) et ‘Le vent se lève’ (2006), c’est avec ce ‘Jimmy’s Hall’ d’une colère froide et subtilement romantique (dont la rumeur dit qu’il serait le dernier film du réalisateur de 77 ans), que Loach revient en terre irlandaise, pour nous conter l’histoire réelle de James Gralton, héros populaire et agitateur des années 1930. Gauchiste, malaimé par les propriétaires terriens et l’Eglise, Gralton tenta de mêler politique et éducation de façon légère et ludique, en ouvrant une salle de danse où l’on pouvait également se cultiver et débattre des sujets qui fâchent. Au bout du compte, il fallait s’en douter, le gouvernement l’expulsa du pays.

Ici comme dans ‘Le vent se lève’, Loach paraît préoccupé par l’échec de la société irlandaise à rejeter le conservatisme, malgré son émancipation du joug britannique au cours des années 1920. Livrant un conte tragicomique sur les absurdités de la répression étatique et religieuse, ‘Jimmy’s Hall’ célèbre également, en parallèle, les joies collectives et un vivre-ensemble populaire, éphémère et heureux.

Nous rencontrons Gralton (Barry Ward) alors qu’il revient chez lui après plusieurs années d’exil à New York. Sa salle de bal et sa propre personnalité sont devenues légendaires, mais il préfère travailler la terre et prendre soin de sa mère âgée. A travers un récit en flashbacks, nous voyons comment ce bâtiment en tôle ondulée suscita le courroux des autorités dix ans plus tôt. A l’époque, les gens étaient ivres de leur indépendance nouvelle. Désormais, ils subissent leur sort avec la gueule de bois. En réalité, qu’est-ce qui a changé ? « Nos oppresseurs sont toujours les mêmes, les maîtres et les pasteurs », constate une femme. Les villageois - parmi lesquels Oonagh (Simone Kirby), l’ex de Gralton devenue mère de famille - vont alors le convaincre de rouvrir sa salle et d’y jouer du folk irlandais, aux côtés du jazz afro-américain que Jimmy a eu l'occasion de découvrir à New York.

Or, ne faut-il pas voir dans ce personnage de Jimmy Gralton un double de Ken Loach lui-même ? Lui qui passa cinq décennies à poser des questions complexes, souvent avec humour. Politique et divertissement ne forment jamais un cocktail évident, mais ‘Jimmy’s Hall’ en reprend la formule telle que Loach et son scénariste Paul Laverty la pratiquent depuis longtemps. Pas nécessairement très surprenant, donc, et sans atteindre les sommets de Loach tels que ‘Looking for Eric’ ou ‘Le vent se lève’, ‘Jimmy’s Hall’ reste un film très humain, vivant et intelligent, qui vous laisse avec un sentiment mêlé de joie, d’injustice et d’espoir. Et la tristesse de se dire qu'il s'agit là sans doute de l'ultime long métrage d'un cinéaste qui nous manquera.

Écrit par Dave Calhoun (trad. AP)

Détails de la sortie

  • Date de sortie:vendredi 30 mai 2014
  • Durée:109 mins

Crédits

  • Réalisateur:Ken Loach
  • Scénariste:Paul Laverty
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