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Joy

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Joy
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Après ‘American Bluff’, le scénariste-réalisateur David O. Russell réunit une nouvelle fois J. Lawrence et B. Cooper, pour un mélodrame réaliste et acéré

Le biopic barré et loufoque sur les parvenus que nous livre David O. Russell s'ouvre avec la précision suivante : « Inspiré d'histoires de femmes courageuses. » Il aurait tout aussi bien pu reprendre la phrase avec laquelle commençait son précédent film, ‘American Bluff’ : « Certains de ces événements ont réellement eu lieu. » ‘Joy’ est inspiré de la vie de Joy Mangano (Jennifer Lawrence), une mère célibataire de Long Island devenue une superstar de téléshopping dans les années 1990 après avoir inventé le Miracle Mop, une serpillère qui s’auto-essore sans qu’on ait besoin d’y mettre les mains.

Si le cinéma est habituellement biberonné à « l’american dream », des histoires d’hommes qui se battent pour bâtir des empires, ‘Joy’ préfère se pencher sur trois générations de femmes. On y retrouve bien quelques clichés machos : la voix off nostalgique façon Scorcese de la grand-mère de Joy (Diane Ladd), la chanson tonitruante "I Feel Free" de Cream en fond sonore, ou l’image finale de Joy assise derrière un immense bureau avec un air satisfait, façon Don Corleone. Mais Russell y a aussi ajouté des éléments kitsch comme il faut de soap opera, emmenant les dialogues dans des contrées surréalistes, au-delà du simple mélodrame. Non, personne d'autre que lui n'aurait pu réussir un film qui pose un pied dans TF1 et l'autre dans ‘Les Affranchis’.

‘Joy’ est brillamment féministe, écrit par Russell mais tiré d’un récit d’Annie Mumolo, qui avait co-écrit ‘Mes meilleures amies’ avec Kristen Wiig. On découvre tout d'abord Joy petite fille, en train de construire une forêt de conte de fées en papier. Il ne manque plus qu’un prince, remarque sa sœur. « Je n’ai pas besoin d’un prince », lui rétorque-t-elle. Plus tard, elle rencontre le supérieur de Bradley Cooper, le boss de la chaine QVC qui fera d’elle une star. Leurs deux cœurs s’emballent, mais elle n’a pas de temps pour ça.

Joy est trop occupée par son propre business, à élever ses enfants et à gérer le comportement outrageusement déplacé de ses proches. Et l’humour noir de Russell s’attaque aux petits désordres familiaux comme aucun autre. Joy est entourée d’une bande de névrosés ridicules. Dont Robert de Niro et Isabella Rossellini, respectivement le père séducteur de Joy et sa riche petite amie italienne, qui forment un duo à se tordre de rire.

Mais c’est bien Jennifer Lawrence qui crève l’écran, irrésistible. Il s’agit de son troisième film avec Russell (après ‘Happiness Therapy’ et ‘American Bluff’), et si on peut facilement imaginer d’autres stars d’Hollywood dans le même rôle (jouer la mère célibataire démunie et abattue), Lawrence est brute de décoffrage et d’une sincérité absolue. Alors, après ‘Brooklyn’ et ‘Carol’, voilà encore un film qui remporte avec mention le test de Bechdel grâce à son personnage féminin.

(Traduit de l'anglais par Houssine Bouchama.)

Détails de la sortie

  • Date de sortie:vendredi 1 janvier 2016
  • Durée:124 mins

Crédits

  • Réalisateur:David O. Russell
  • Scénariste:David O. Russell
  • Acteurs:
    • Jennifer Lawrence
    • Bradley Cooper
    • Robert De Niro
    • Donna Mills
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