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Julia Holter • 'Ekstasis'

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
julia holter
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

‘Ekstasis’ est une preuve de plus qu’il existe des disques magiques, dont la portée nous échappe. Beaucoup n’y trouveront rien, trompés par une écoute trop hâtive ; d’autres l’écouteront une fois, le laisseront de côté un temps, puis y reviendront assurément. Comme à ces photos en noir et blanc aux bords élimés, images persistantes et distantes qui capturent autant leur sujet que le regard à l’extérieur. Ou comme un souvenir dont on ne sait plus bien s’il sort tout droit d’un rêve ou de la réalité. Un chant de sirène presque inoffensif, prenant autant les atours de la pop ("Goddess Eyes II") que de l’opéra ("Four Gardens") pour mieux nous retenir dans ses filets lâches. Hautement poétique, onirique et riche, le deuxième album de Julia Holter n’a aujourd’hui pas d’équivalent. On pense à Kate Bush ou Laurie Anderson, mais tout de même, quelque chose résiste et demeure unique. Ce son d’abord, qu’on croirait tout droit sorti d’un temple païen à l’écho phénoménal, où tout flotte et s’entremêle avec grâce, saxophone et voix, batterie et piano, violon et basse. Etrange goût d’Europe, alors que tout l’album est enregistré à Los Angeles, chez Julia Holter. Sûr qu’avec son background impressionnant, l’Américaine a de quoi dérouter et brouiller les pistes : elle commence le piano à l’âge de 8 ans, étudie la composition au CalArts pendant quelques années (comme Ravi Shankar, Ry Cooder ou Charlie Haden avant elle), mène depuis divers projets musicaux de front. ‘Ekstasis’, composé en même temps que son précédent et très recommandable ‘Tragedy’, sort ainsi en 2012 après trois de travail et d’enregistrement, en délié. Pourtant tout se tient, la cohérence se fait à travers ces ambiances évanescentes, parfois menaçantes, toujours envoûtantes. Trois ans pour le composer, l’enregistrer et le sortir, mais combien d’années, combien d’écoutes nous faudra-t-il pour en percer les mystères ?

Label : RVNG International

>> Lire les autres critiques de notre dossier sur les meilleurs albums de 2012.

Écrit par Nicolas Hecht
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