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Kaili Blues

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Kaili Blues
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Bi Gan, cinéaste et poète chinois, n’a que 27 ans. Pourtant, son premier long métrage, le magistral ‘Kaili Blues’, est tout simplement à tomber par terre.

Officiant dans la petite ville brumeuse de Kaili, dans la province chinoise du Guizhou, Chen, un médecin veuf, aimerait adopter son neveu Weiwei, avec lequel il entretient une relation paisible et paternelle. Mais apprenant bientôt que le jeune garçon a été vendu par son père, Chen part à sa recherche jusqu’à l’étrange village de Dangmai, dominé par le surnaturel et l’onirique, où se mêlent indistinctement passé, présent et futur.

D’une maturité incroyable, ‘Kaili Blues’ est l’œuvre d’une jeune Chinois de 27 ans, Bi Gan, qui s’inscrit, dès ce premier long métrage, parmi les réalisateurs contemporains les plus impressionnants venus d’Asie. Manifestement biberonné à Tarkovski et Hou Hsiao-hsien, Bi Gan impose tranquillement son univers, pétri d’incertitudes et de souvenirs, de rêveries et de dilatations temporelles.

Jouant avec brio sur l’indétermination de ses personnages et sur les techniques narratives (flashbacks, rêves éveillés…), ‘Kaili Blues’ réussit à établir un ton rare, fascinant et tout à fait singulier. Surtout, le travail de caméra semble ici tendre à une véritable réinvention du cinéma, entre innocence et audace formelle ; qu’il s’agisse des nombreuses mises en abyme qui parcourent le film (avec ses cadres dans le cadre comme autant de jeux de miroirs), de panoramiques impeccables et contemplatifs, ou encore d’un plan-séquence hypnotique d’une bonne quarantaine de minutes.

Jeunesse, poésie, maestria… En somme, ‘Kaili Blues’ a tout pour constituer l’un des films les plus recommandables de ce début d’année – assez proche, à sa manière, du formidable  ‘Cemetery of Splendour’ d’Apichatpong Weerasethakul. Exigeant, donc, mais d’une puissance et d’une beauté souvent incroyables. Hélas, frilosité des exploitants de salles, le film ne sortira que dans deux cinémas, ce mercredi, à Paris... Raison de plus pour s’y précipiter.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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