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Keep The Lights On

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Thure Lindhardt, left, and Zachary Booth in Keep the Lights On
Thure Lindhardt, left, and Zachary Booth in Keep the Lights On
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Après ‘Forty Shades Of Blue’ et ‘Married Life’, l’Américain Ira Sachs continue d’explorer les affres du désamour dans ‘Keep The Lights On’, récit autobiographique d’un couple gay qui n’arrive pas à se séparer. 1997 : un Danois bedonnant affalé sur son lit cherche l’amour via une ligne de téléphone rose (eh oui, c’est l’époque pré-Meetic). Il finit par le trouver, en se rendant au hasard chez un avocat blondinet à la mèche bien plaquée, incarné par le charmant Zachary Booth. A partir de cette simple pulsion sexuelle, dans tout ce qu’elle a de plus froid et détaché, débute ainsi l’histoire tourmentée, longue d’une décennie, d’Erik et Paul.

C’est une drôle de coïncidence si Ira Sachs, qui retranscrit ici sa propre relation (et rupture) avec l’agent littéraire Bill Clegg, avait au début envisagé d’appeler son film ‘Shame’. En effet, comme celui de Steve McQueen, ce long métrage filmé dans un Manhattan désincarné dépeint sans détour les obsessions honteuses de ses personnages, qu’elles soient sentimentales, sexuelles, ou professionnelles.

A l’aide d’une mise en scène lente et chirurgicale, Sachs opère ainsi une véritable dissection cinématographique de sa propre expérience, faisant preuve d’une impressionnante sincérité. Les décors, eux aussi, sont terriblement impersonnels, de l’appartement du couple à leur maison de vacances, en passant par une chambre d’hôtel où la honte, à son comble, finira par tout ravager, y compris le spectateur.

Drame sentimental, film à ellipses, autoportrait... ‘Keep The Lights On’ est aussi le croquis d’une époque : la fin des années 1990 et ses fléaux new-yorkais, le sida, l’addiction au crack (et le téléphone rose). Mais malgré sa louable sobriété, le récit finit pourtant par s’essouffler, comme si Sachs, à l’image de son personnage, avait du mal à lâcher prise. Or, en amour comme au ciné, il faut parfois savoir s'arrêter. Plus qu’un film sur l’homosexualité, 'Keep The Lights On' est au final une œuvre réaliste et douce-amère sur le délitement des sentiments amoureux. Car si son film est d’inspiration personnelle, l’amour brisé, dans tout ce qu’il a de plus pathétique et inexorable, est une histoire universelle.

Écrit par Anaïs Bordages
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