Recevez Time Out dans votre boite mail

La femme qui aimait les hommes

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
La femme qui aimait les hommes
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Originellement intitulé ‘The Slut’ (qu’on pourrait traduire par : la fente, la traînée, la teupu… enfin, un truc assez vulgaire, quoi), ‘La femme qui aimait les hommes’, avec son titre français en clin d’œil à François Truffaut, pourrait mettre le spectateur sur la mauvaise piste d’une banale histoire de nymphomanie. Alors que son titre d’origine, ironique, visait au contraire à provoquer le spectateur par rapport aux clichés habituels sur la sexualité féminine.

Certes, le film suit l’histoire d’une femme célibataire, mère de deux enfants, dans un kibboutz isolé, qui passe une bonne partie de son temps à soulager par son corps les quelques hommes qu’elle croise. Néanmoins, ce premier film de l’Israélienne Hagar Ben Asher (qui en est également l’interprète principale) se situe aux antipodes de toute psychiatrie. Malgré les apparences, on se retrouve  donc assez loin, par exemple, des névroses de ‘La Pianiste’ de Michaël Haneke. Tout en longs plans fixes, souvent silencieux, le film se distinguerait plutôt comme une ode tellurique à la puissance du désir, à sa brutalité amorale, sans objet fixe. Abrupte, éphémère, et en même temps assez généreuse. En cela, son héroïne, Tamar, marque également une assez nette différence avec le sex-addict torturé du ‘Shame’ de Steve McQueen.

Ici, donc, nulle question de culpabilité ou de morale : Tamar apparaît comme une sorte de druidesse qui, par sa liberté sauvage, permet aux hommes de survivre dans leur solitude, chacun cloîtré dans les étendues désertiques. Evidemment, lorsque le vétérinaire du coin veut en faire sa femme, réclamant son exclusivité sexuelle, il brise l’équilibre sensuel instauré par le film - où le désir paraît représenter une puissance sans fond, un mouvement d’ivresse, de don, d’oubli. Sobre, charnel et contemplatif, ‘La femme qui aimait les hommes’ pourraît être au final un film mystique, où la sensualité aurait remplacé les dieux. Eh ouais. Après, c'est un film qui parle de sexualité et de symboles. Du coup, c'est un peu comme 'Shame' ; à chacun de l'envisager selon ses fantaisies.

Écrit par Alexandre Prouvèze
Publicité
Vous aimerez aussi