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La gueule que tu mérites

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
La Gueule que tu mérites - MUBI - Miguel Gomes
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

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Bien que reconnu dès son deuxième long métrage (‘Ce cher mois d’août’, en 2008) comme l’un des cinéastes européens à suivre de près, c’est avec son film suivant, ‘Tabou’, sorti fin 2012, que Miguel Gomes suscita un véritable enthousiasme parmi la critique et les cinéphiles. Pourtant dès 2006, en métamorphosant la mélancolie d’un trentenaire en conte de fées caustique et surréaliste, ‘La gueule que tu mérites’ témoignait déjà de la recherche, chez le Lisboète, d’un cinéma de la prolifération imaginative et de l’envoûtement narratif.

« Jusqu'à 30 ans, tu as la gueule que Dieu t'a confiée. Après cela, tu as la gueule que tu mérites » : c’est sur ces mots que s’ouvre le récit du trentième anniversaire – complètement raté, d’ailleurs – de Francisco (Jose Airosa). Déguisé en cow-boy pour la fête de l’école où il travaille, ce prof de musique morose, immature et vaguement irascible, va subir une journée maladive et pénible, de plus en plus persuadé que sa mort approche à grands pas. Bref, Francisco psychote alors que c’est juste qu’il a 30 ans… et qu’il a chopé la rougeole !

Débute alors la seconde partie du film (divisé en deux comme le sera ‘Tabou’) : alité, désertant désormais l’image, le héros ne s’exprime plus alors qu’en voix-off et par intermittence, tandis que l’on suit le quotidien de sept étranges hommes d’âges divers, dont la mission est de veiller le malade dans une maison de campagne en attendant qu’il guérisse. Autrement dit, nous voici plongés dans l’imaginaire fiévreux et enfantin de Francisco, invoquant les sept nains de Blanche-Neige (à ceci près que ce ne sont plus des nains), tout occupés à leurs énigmatiques fantaisies, tour à tour légères ou inquiétantes.

Si l’humour absurde que développe alors ‘La gueule que tu mérites’ peut rappeler les hilarants trois derniers films de Buñuel coécrits avec Jean-Claude Carrière ou un premier film de Werner Herzog (‘Les nains aussi ont commencé petits’), c’est ici sans l’humour agressif, jouissif et mordant de ces films, mais plutôt dans une atmosphère suspendue, flâneuse et détachée, rappelant la tonalité pince-sans-rire d’un João César Monteiro. Sans évidemment parvenir à la maestria de ‘Tabou’, ce premier film de Miguel Gomes mérite donc le détour, ne serait-ce que pour retrouver la première expression de l’imaginaire citationnel, traversé d’une mélancolie sobrement lyrique, de l’enthousiasmant Miguel Gomes.

Lire aussi : notre interview de Miguel Gomes, lors de la sortie de 'Tabou' (2012).

Écrit par Alexandre Prouvèze
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