[title]
Fable lumineuse et délicate sur l’identité culturelle, ‘La Petite Venise’ accomplit l’exploit d’apaiser en quelques plans le plus échauffé des spectateurs. A travers le microcosme d’une petite ville de pêcheurs, Andrea Segre filme avec un onirisme saisissant cette Italie froide et pluvieuse grignotée par une mer grise et irréelle, loin des représentations que l’on s’en fait traditionnellement. Pourtant, dans le brouillard comme en plein soleil, sa petite Venise est tout simplement sublime, collection poétique de scènes et de paysages lagunaires.
L’histoire, dont il faut saluer la sobriété, raconte la complicité mêlée de fascination entre une immigrée chinoise récemment débarquée et un vieux pêcheur yougoslave, installé là depuis trente ans et poète à ses heures. Unis par leur solitude, leurs origines exotiques et leur amour de la poésie, ces deux-là nouent rapidement une amitié attendrissante qui finit par gêner leurs communautés respectives. Car ce long métrage cache aussi une ambition documentaire, témoignant de la xénophobie latente en Italie réveillée par les récentes vagues d’immigration. Malgré une fin maladroite diluée dans des ressorts scénaristiques superflus, on oublie les légères imperfections du film grâce à l’interprétation touchante des acteurs et la beauté, submergeante, des images.