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L'amour est un crime parfait

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
L'Amour est un crime parfait
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Etrange, sombre, parfois fascinant, le dernier film des frères Larrieu est parcouru de détours et d’énigmes, de chausse-trappes qui le rendent finalement aussi déceptif que passionnant.

Adaptation du roman ‘Incidences’ de Philippe Djian, ‘L’amour est un crime parfait’ se déroule en Suisse, à Lausanne, sous une neige omniprésente jusqu’à l’angoisse. Charismatique prof de fac, Marc (Mathieu Amalric) y enseigne la littérature à de jeunes filles curieuses, qui ne demandent manifestement qu’à apprendre. Liant la théorie à la pratique, il n’hésite pas à ramener certaines d’entre elles jusque dans son lit – sans en piper mot à sa sœur, Marianne (Karin Viard), quadra aussi sexy qu’apparemment psychorigide avec laquelle il habite. Sauf qu’un beau matin, Marc découvre que l’étudiante qu’il a ramenée la veille est morte pendant la nuit. Et pas de chance, il ne se souvient même plus de son nom.

Inutile d’en dire davantage, le spoiler nous pend au nez. Sachez simplement que les acteurs se révèlent tous excellents, de Maïwenn (qui incarne la mère de l’étudiante disparue, attirée à son tour par le puissant charme de Marc) à Denis Podalydès (directeur d’université maladroit et faux derche), en passant par une brûlante Sara Forestier, en étudiante qui aimerait bien se prendre quelques bons gros cours particuliers. Or, si l’on ne saurait en dire plus, c’est tout simplement que ‘L’amour est un crime parfait’ lance des pistes, les oublie, les rattrape, dans une atmosphère oppressante et labyrinthique qui rappelle parfois les films de David Lynch. Plongée dans une psyché qu’on devine de plus en plus tortueuse, le film des frères Larrieu ressemble par moments à un faux thriller à la Melville cachant un véritable essai sur l’addiction sexuelle et le mensonge. Un peu comme une accueillante poudreuse dissimulerait une plaque de verglas.

Plus au second degré, le film apparaît également comme un carnaval de références : de Roland Barthes – dont Marc fait écouter à ses étudiantes les cours au Collège de France –  à Buñuel, Breton ou Cocteau, cités ouvertement, ‘L’Amour est un crime parfait’ semble vouloir se placer sous l’égide du surréalisme. Mais d’un surréalisme digéré, ayant perdu sa naïveté foutraque pour y gagner en inquiétude, en inconfort, en sinuosités plutôt que ruptures de ton. En deux mots, on a ici affaire à un beau film paradoxal, limite schizo. Passant du polar à l’essai, fiévreux et glacé, ultra-sexuel et pourtant sans la moindre scène explicite, le film des Larrieu marque ainsi longuement le spectateur par son ambivalence. Qu’on peut aussi appeler sa profondeur. Ou sa force.

Poursuivre avec l'interview des frères Larrieu

Écrit par Alexandre Prouvèze

Crédits

  • Réalisateur:Jean-Marie Larrieu, Arnaud Larrieu
  • Acteurs:
    • Mathieu Amalric
    • Karin Viard
    • Maïwenn
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