Recevez Time Out dans votre boite mail

Le Passé

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Le Passé
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Après avoir ausculté la classe moyenne iranienne dans ‘A propos d’Elly’ et ‘Une séparation’, Asghar Farhadi se penche sur la société française à travers l’histoire d’une famille recomposée. Ahmad (Ali Mosaffa), l’ex-mari de Marie (Bérénice Bejo), revient en France pour officialiser un divorce ayant traîné, quatre ans après leur séparation. Serein et rassurant, Ahmad reprend peu à peu des habitudes dans cette maison qu’il a habitée, et où Marie tient à l’accueillir. Quitte à délaisser quelque peu Samir (Tahar Rahim), son nouveau compagnon traversant une période difficile après la tentative de suicide de sa femme – peu présente à l’écran mais centrale dans le film.

Alors que l’intrigue s’épaissit, le réalisateur dévoile progressivement les liens de parenté entre les personnages, et balaye au passage quelques faux-semblants. Surtout, Farhadi fait preuve (comme dans ses précédents films) d’une rare finesse d’analyse des rapports humains, parvenant à signifier beaucoup à travers des détails pourtant anecdotiques, à l’image de la première rencontre des deux hommes. Cette justesse est alors mise à contribution pour faire sentir au spectateur l’intensité de l’intime, toucher du doigt la profondeur « d’autres vies que la sienne ». Comme si le banal recelait une dimension secrète, à l’image d’un Rahim fatigué et sombre, parfait dans son rôle.

Lentement, la tension psychologique monte, certains des premiers rôles s’effacent au profit de personnages jusqu’alors secondaires, et là encore la direction d’acteur fait des merveilles. Inutile d’en dévoiler plus ici sur un scénario ouvert, laissant au spectateur le soin de conclure lui-même – après un long plan-séquence – cette histoire (sa part d’intime ?). Insistons plutôt sur le talent et la sensibilité d’un grand réalisateur, capable de mettre les spectateurs, français ou non, face à leurs fausses représentations (un pavillon à Sevran, oui c’est possible), notamment en confrontant un touriste étranger iranien (Ahmad), une immigrée travaillant au noir (Naïma) et son patron enfant d’immigrés (Samir). Et Farhadi de montrer comment chacun, lesté de ses expériences et de son passé, s’arrange avec la réalité.

Écrit par Nicolas Hecht
Publicité
Vous aimerez aussi