[title]
Depuis la Palme d’Or attribuée en 2007 à Cristian Mungiu pour ‘4 mois, 3 semaines, 2 jours’, force est de reconnaître qu’on a souvent tendance à associer l’actuelle (et parfois passionnante) nouvelle vague du cinéma roumain à un climat plombé et à des scènes dures, âpres, à la limite de l’insoutenable. Pourtant, depuis une dizaine d’années, son compatriote Corneliu Porumboiu développe une œuvre singulière, à la fois paisible, drôle et inquiète, traversée par un humour à froid assez délicieux. Après l’ironique ‘Policier : adjectif’ en 2009 (primé à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard) et le grinçant ‘Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest’ (2013), Porumboiu revient avec ce ‘Trésor’ à l’intrigue minimale, mais au comique de situation subtilement politique, lorgnant par moments vers un parti-pris à la Beckett.
A Bucarest, Costi (Toma Cuzin), comptable, vit paisiblement – c’est-à-dire, aussi, dans un certain ennui routinier – avec sa femme et leur fils. Jusqu’au jour où son voisin Adrian (Adrian Purcărescu), ancien éditeur hyper-endetté, lui demande un coup de main afin de l’aider à retrouver un hypothétique trésor, qui aurait été planqué dans le jardin de ses grands-parents au gré des soubresauts de l’Histoire. Accompagnés d’un technicien sceptique et de ses différents détecteurs de métaux, les deux hommes décident donc de se lancer à la recherche du butin. Sur cette trame délibérément archétypale, Porumboiu réussit à aborder avec délicatesse et humour des thèmes souvent profonds tels que l’histoire de son pays, l’esprit des lieux, la mémoire, la famille, les richesses illusoires, l’espoir ou la dèche au quotidien. Et, sans avoir l’air d’y toucher, le cinéaste roumain injecte ainsi un souffle et un ton assez inédits dans un genre a priori banal. Humble, pince-sans-rire, intrigant et émouvant : autant dire, pour résumer, que ‘Le Trésor’ est un film qui porte joliment bien son titre.
Gagnez des places pour 'Le Trésor' en participant ici à notre jeu-concours