Leones

Jamais on n’aurait cru qu’un film composé de 19 plans, dont le pitch se résume à « cinq jeunes marchent dans les bois », puisse provoquer une telle angoisse. Pourtant ‘Leones’, dont les mauvaises langues diront qu’il ne s’y passe rien, est une époustouflante réussite formelle. Qui sont ces jeunes ? D’où viennent-ils ? Où se rendent-ils ? Mystère... Toujours en mouvement, opérant parfois des tours à 360 degrés, la caméra les suit, puis s'en détourne, préférant s'attarder sur la forêt – un personnage à part entière – dans des plans-séquences fantasmagoriques. Grâce à cette technique, Jazmin Lopez, épaulée par le chef op’ Matias Mesa (‘Elephant’ de Gus Van Sant), tord le temps et les distances pour créer une atmosphère irréelle et menaçante. Plus ‘Leones’ progresse, et plus le spectateur fébrile tente de deviner quelle horreur a bien pu se produire dans ces bois, ou quelle nouvelle catastrophe pourrait bien y surgir. Résultat, on ne décroche pas les yeux de l’écran – la beauté troublante des images, tournées en 35 mm et en lumière naturelle, y est aussi pour quelque chose. Seul regret : ce premier long métrage, dont toute la force réside dans son énigme, pose plus de questions qu’il n’offre de réponses, et dépourvu de twist final, nous laisse un peu sur notre faim...