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Leopardi Il Giovane Favoloso

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Leopardi Il Giovane Favoloso
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Dans la lignée des biopics littéraires (et peu de temps après la sortie d’'Anton Tchekhov 1890', par exemple), voici l’histoire d’un poète marginal et frondeur, sombre et fougueux à la fois : Giacomo Leopardi. Bien que considéré comme l’un des plus grands auteurs italiens du XIXe siècle, il est nettement moins connu que Dante, son compatriote. Pourtant, Leopardi est un peu le Rimbaud de la botte transalpine, poète maudit et incommode au monde qui l’entoure, enfant brillant mais rebelle. Ou encore, l’icône grunge d’un autre siècle. Voilà qui donne envie de s’immerger dans l’œuvre de ce libre-penseur, où cohabitent des thèmes morbides et quelques joies éphémères que lui procurent les belles choses.

D’abord tourné à Recanati, dans la véritable maison de Leopardi, le long métrage de Mario Martone a le mérite de ne pas faire les choses à moitié ; l’acteur principal (Elio Germano), dont l’interprétation évolutive est absolument époustouflante, a ainsi eu la chance de dormir dans le lit de Giacomo en personne, de parcourir les livres de sa bibliothèque ainsi que sa correspondance, et d’approcher de tout près cet homme aux rêves d’horizons lointains.

‘Leopardi Il Giovane Favoloso’ retrace l’histoire d’un bossu à l’esprit voyageur. D’abord à travers les rêves de l’enfant prodige qui, sous l’emprise de ses parents intransigeants et profondément conservateurs, se réfugie dans les livres et la poésie – où, affranchi de son corps malade, il peut vagabonder librement vers les contrées qu’il désire. Puis, dans la peau d’un jeune homme émancipé, qui s’installe dans un quartier pauvre d’une Naples frappée par le choléra, avec son ami dévoué Antonio Ranieri (Michele Riondino) et tombe amoureux de l’impénétrable Fanny Targioni-Tozzetti (Anna Mouglalis). Sa vie entière, les femmes demeurent des peintures qu’il n’ose approcher de trop près, de peur de briser la glace qui les préserve du désenchantement.

Si le film de Mario Martone se veut instructif car extrêmement fidèle à la vie de ce grand homme ostracisé par la société, on pourra facilement lui reprocher ses longueurs et sa linéarité parfois fastidieuse. Il dépeint cependant une personnalité hors du temps, ainsi que des rêves, des peurs et illusions profondément humaines. Aussi la lucidité de ce scientifique de l’âme – dont le génie n’est jamais remis en doute – nous donne-t-elle une jolie leçon de complexité cartésienne, qui interroge sans cesse le corps et ses limites. Mais malgré ses évidentes qualités, ce biopic reste un peu trop terre à terre et, comme Leopardi, ne parvient que rarement à toucher les hauteurs auxquelles il aspire.

Écrit par Céleste Lafarge
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