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Les Chiens errants

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Les Chiens errants - Tsai Ming Liang
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Le cinéma du Taïwanais Tsaï Ming-liang (‘La Saveur de la pastèque’, ‘Visage’) constitue une expérience esthétique, mais c’est aussi et surtout une exploration de la temporalité dans son étirement le plus large, dans sa linéarité profonde, quasi-musicale. Au même titre qu’un morceau de Sunn O))) ou un film de Bela Tarr, ‘ Les Chiens errants’ aplatit ainsi le spectateur, l’écartèle figé dans l’éternité d’un plan fixe ou la répétition dilatée d’une séquence, où sa rêverie intime robinsonne, hésite, se suspend, prend la fuite. Situation proche de l’hypnose ou de la méditation (sans doute), où la disponibilité d’esprit s’impose, essentielle. Vous voilà donc prévenus.

Sur le papier, l’histoire paraît aussi simple que triste : le quotidien d’un type alcoolique, sans domicile, survivant difficilement à Taipei avec ses deux enfants, une fillette et son petit frère. Pour gagner un peu d’argent, il travaille comme homme-sandwich au bord de gigantesques routes, tandis que les mômes se promènent en forêt, jouent ou dorment dans un immeuble à l’abandon qui semble à peine tenir debout. Un soir d’orage, l’homme les emmène sur une barque (qui fait immanquablement penser à ‘L’Aurore’ de Murnau). Et bientôt, une femme mystérieuse entre en scène… D’une beauté à la fois décharnée et millimétrée, la plupart des plans du film laisse le spectateur songeur, en immersion contemplative. A tel point qu’il lui est même possible de se taper un petit roupillon avant que la séquence ne touche à sa fin. Paraître interminable, donc : ce parti pris du film, assez radical, fait à la fois sa force et sa difficulté. A la fois superbe, ambitieux et pas du tout commode, ‘Les Chiens errants’ s’affirme comme une œuvre exigeante et hors norme. Qui en agacera beaucoup, mais bouleversera certainement les autres.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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